Un soir comme les autres [pv]

Il était plus de 22h00 et Kate venait tout juste de revenir de son bureau. Ce matin, elle s’était levée en même temps que le soleil pour aller travailler à l’aéroport. Elle était restée toute la journée sur le chantier, en pleine chaleur, à superviser les travaux. Puis elle était allée au cabinet d’architecture pour avancer un dossier important. Il était 18h00, Brooke était déjà rentrée chez elle et Kate était restée travailler pendant quatre heures. Autant dire qu’elle n’avait pas vraiment le temps de s’inquiéter pour le tueur qui rodait sur l’île.
De retour chez elle, la jeune femme ferma la porte d’entrée, posa les clés sur le meuble de l’entrée et alla s’asseoir sur son canapé. Elle resta ainsi quelques minutes, songeant qu’il fallait encore qu’elle revoit le planning du lendemain. Plus vite elle s’y mettrait et plus vite elle serait couchée. La demoiselle se leva donc et mit un plat surgelé au micro-onde, ce qui lui laissait sept minutes pour prendre sa douche. Lorsqu’elle en fut sortie, Kate enfila un débardeur blanc et un pantalon de jogging noir en coton, histoire d’être à l’aise.
En ce soir d’octobre, il faisait chaud et préférant l’air frais de la nuit à la climatisation, la brune ouvrit la baie vitrée du salon. Après un jour aussi mouvementé, le silence était plus qu’agréable. En ce moment, Kate enchaînait ce genre de journée de travail et même si c’était éprouvant, elle aimait ça. Son repas express terminé, elle referma la fenêtre, oubliant de la verrouiller, chose qui n’était pas rare. Ensuite elle monta à l’étage et tout en se brossant les dents, elle posa sur le lit le planning, un stylo et son portable. Tout ce qu’il lui fallait pour pouvoir continuer à travailler. Il était environ 22h30 quand Kate se mit au travail. Elle ne put rester concentrée que vingt minutes car le sommeil finit par être le plus fort. C’est donc avec le dossier dans les mains que la demoiselle s’endormit.

Kate fut réveillée par le bruit d’un objet qui venait de tomber au sol, au rez-de-chaussée. Les yeux mi-clos, elle regarda son réveil: Il était minuit et quart. Encore somnolente elle s’assit au bord de son lit, posa son dossier sur la table de chevet et éteignit la lumière qui était trop agressive au réveil. Pourquoi y avait-il du bruit en bas?

L’homme marchait dans une rue déserte du quartier huppé de l’île. Il faisait nuit et vêtu de noir, il passait inaperçu. A chaque enjambés qu’il faisait son pantalon, un bas de survêtement, faisait un bruit de froissement de tissu. Avec celui de ses baskets qui cognaient le bitume du trottoir à chacun de ses pas, c’était le seul bruit qui perturbait le parfait silence.
Arrivé devant la villa de la proie qu’il convoitait, il resserra la lanière de ses gants en cuir, mit la capuche de son sweat-shirt et longea la haie pour se retrouver derrière la villa, dans le jardin. Il était calme, serein. Il avait tout prévu et savait sur le bout des doigts ce qu’il avait à faire. Des semaines d’observation avaient été nécessaires pour parfaire son plan. Pendant les jours et les nuits qu’il avait passé à observer sa prochaine victime, il avait prit des notes et fait des photos.
L’homme s’avança jusqu’à la terrasse et posa sa main sur la poignée de la baie vitrée. C’est avec un sourire aux lèvres qu’il constata qu’encore une fois, Kate avait oublié de la verrouiller. Il s’engouffra dans le salon et laissa la baie vitrée ouverte. Pendant quelques secondes, il resta figé, grisé par le parfum de la jeune femme. Il n’oubliait pas ce pourquoi il était venu. Il fallait qu’elle soit punie.
Il avait encore le temps de monter jusqu’à la chambre. Sa mission lui donnait le droit d’en savoir un peu plus sur ce qu’il y avait entre les quatre murs de la villa Evans. Il commença donc par le salon, qu’il inspecta soigneusement. Il fit d’abord le tour du canapé, tout en l’effleurant du bout des doigts. Il s’y assit quelques secondes mais en se relevant, il prit appui sur l’accoudoir où était posé la télécommande. L’objet tomba sur le carrelage, ce qui fit un grand bruit. L’homme se stoppa quelques instants, attendant de voir si Kate avait été réveillée. Puisque cela n’avait pas l’air d’être le cas, il reprit son chemin et s’arrêta devant la bibliothèque. Il y avait une douzaine de photographies encadrées posées sur les étagères, de quoi en savoir un peu plus sur l’entourage de sa toute prochaine victime. Il prit deux minutes environ pour les observer attentivement, saisissant de temps à autres les cadres pour voir les photos de plus près.

Ne se doutant pas une seule seconde que quelqu’un était entré chez elle, la brune resta quelques secondes assise sur son lit et se frotta les yeux. Elle ne savait pas ce qui était tombé et vu l’heure qu’il était, elle ne se posa pas longtemps la question. Etant donné qu’elle était réveillée, elle décida de se lever pour aller ranger le dossier dans son sac. Elle ne voulait pas risquer de l’oublier le lendemain matin. Le document dans les mains, elle fit un pas hors de sa chambre mais se figea en entendant un autre bruit, cette fois plus léger. Sans savoir qu’il s’agissait des cadres que le tueur reposait au fur et à mesure sur la bibliothèque, elle comprit qu’elle n’était pas seule chez elle. D’un coup, son cœur se mit à battre plus fort dans sa poitrine. Kate entra de nouveau dans sa chambre et repoussa simplement la porte, jugeant qu’en la fermant, elle risquait de se faire repérer. Pour le moment, la jeune femme se forçait à garder son sang froid et ne voulait pas paniquer pour rien. Elle reposa le dossier sur son lit et prit son portable posé sur sa table de chevet. En faisant le moins de bruit possible, elle ouvrit légèrement la baie vitrée pour se glisser sur le balcon de sa chambre. De là où elle était, elle pouvait téléphoner sans se faire entendre. Elle se cala dans un coin, de sorte que si l’homme entrait dans sa chambre, il ne puisse pas la voir.
Ensuite, elle composa le numéro de téléphone de Mark. Elle l’avait effacé quelques jours plus tôt mais s’en souvenait encore. Ses mains tremblaient et elle eut du mal à composer tous les chiffres. Sa voix aussi tremblait et traduisait son angoisse. Après plusieurs sonneries, la jeune femme tomba sur le répondeur de Mark.

- Mark, si c’est toi qui es entré chez moi... vas-t-en, ce n’est pas drôle!

L’avocat était le seul, avec Brooke, à avoir les doubles de la villa Evans et la propriétaire n’avait pas eu l’occasion de lui redemander les clés après leur rupture. Avant de s’affoler, Kate préférait être sûre que ce n’était pas Mark qui lui faisait une blague de mauvais goût pour se venger de sa trahison. Cela paraissait improbable mais c’est l’explication à laquelle Kate préférait croire.
Soudain, elle entendit un tiroir de la cuisine se fermer. Le bruit était infime mais il fut suffisant perceptible pour faire sursauter Kate, ce qui s’entendit au téléphone. Elle le lâcha et l’objet tomba à ses pieds. La batterie s’enleva et le portable s’éteignit. Aussitôt la jeune femme le ramassa et après avoir remit la batterie, elle ralluma le téléphone. Il lui sembla que le réseau mit dix fois plus de temps que d’habitude à venir tant elle était pressée d’appeler la police. Cette fois, c’est au bout de la deuxième sonnerie qu’un policier de garde lui répondit. Kate ne lui laissa même pas le temps de finir sa phrase et lui dit:

- Il y a quelqu’un qui est entré par effraction chez moi. Je suis cachée à l’étage mais... je ne sais pas pour combien de temps encore.

A la voix du policier et la façon dont il posait ses questions rapidement, la brune comprit qu’il s’était raidit.

- Votre nom et votre adresse.

- Kate Evans, 20 Lexington street.

- Restez là où vous êtes, surtout ne bougez pas. Une patrouille arrive dans cinq minutes.

Kate articula difficilement un "d’accord". Elle avait les larmes aux yeux et sentait que les cinq prochaines minutes allaient être les plus longues de sa vie.

L’homme était patient, méticuleux, précis dans ses gestes et dans l’organisation qu’il avait. Selon lui, c’était d’ailleurs pour ces qualités là qu’il avait été choisi pour accomplir cette mission. Il ne perdait pas son objectif de vue, il était simplement à la découverte de tous les éléments de la villa qui pourraient un peu plus encore prouver qu’il devait éliminer Kate de ce bas monde, où tout le monde se croyait tout permis. Mais non, il y avait des règles établies depuis des siècles mais que trop peu de gens respectaient encore de nos jours. L’homme ne se voyait pas comme un tueur, mais comme un élu qui avait l’honneur de purifier le monde en faisant disparaître des pécheurs comme la jeune femme qu’il s’apprêtait à tuer.
Ce qu’il faisait était bien et il prenait un grand plaisir à faire son travail. Il le faisait même prolongé pendant des heures. Il avait besoin de le faire, il n’avait pas envie de s’arrêter. C’était devenu une obsession frénétique. Plus il s’adonnait à ses crimes atroces, plus il améliorait son art. Et plus la punition était violente, plus il aimait.
Ayant déjà plusieurs victimes derrière lui, il avait acquis une expérience qui lui permettait de rester parfaitement calme. C’est pourquoi il s’autorisait à aller et venir dans les différentes pièces de la demeure. Plus il en saurait sur Kate, plus il prendrait plaisir à la voir mourir.
D’habitude, il prenait quatre semaines pour observer une victime mais elle... elle... Il avait tellement été obsédé par elle qu’il l’avait épié bien plus longtemps, des mois... Les photos étaient aussi beaucoup plus nombreuses. Normalement, l’homme en prenait une petite centaine, mais cette fois, il avait pris presque cinq cent photos d’elle. Il avait accroché les plus belles sur ses murs, celles où il pouvait lire dans ses yeux qu’elle était à éliminer. Il savait absolument tout de sa vie quotidienne: Avec qui elle était sortie, quel était son restaurant préféré, le plat qu’elle prenait le plus souvent, le parfum de son shampoing, quels étaient ses amis... L’homme savait même d’où elle venait. Avec de bonnes sources, il avait appris qu’elle n’était qu’une sale petite bourge que son père avait pourrie avec son argent.
Elle était belle, riche et heureuse et c’était déjà un motif suffisant pour qu’il la haïsse. Elle semblait toujours épanouie et son insouciance était révoltante. Cette petite peste avait toujours eu ce qu’elle désirait d’un claquement de doigts et elle ne se rendait même pas compte à quel point elle péchait. Elle fréquentait les fêtes et la Bodega, lieu qui ne valait pas mieux qu’un bordel selon l’homme. Et encore, le principal motif de sa mort toute proche était bien plus grave encore.
Kate n’avait jamais souffert mais elle allait voir ce que c’était de souffrir atrocement.
L’homme sortit de la cuisine et se décida à monter à l’étage. Mais lorsqu’il arriva au pied de l’escalier, il posa son regard sur le salon qu’il avait déjà longuement inspecté. Plus loin, il avait déjà vu plusieurs pièces: le garage, la cave, un bureau et quatre chambres. Cependant, il venait de se rendre compte de deux choses. La première, il avait oublié d’ouvrir une porte. La deuxième, la machine à laver le linge n’était pas dans la cuisine. Il en déduit donc que c’était la buanderie qu’il n’avait pas encore visitée. Il fit donc demi tour et comme il le pensait, en ouvrant la porte et en allumant la lumière, il vit tout ce qu’on pouvait trouvé de basique dans une buanderie. Il y avait une pile de linge propre que la femme de ménage devait repasser le lendemain. L’homme s’avança jusqu’aux vêtements, saisit celui qui était au dessus de la pile, un chemisier, et l’approcha de son visage. Il avait un doux parfum, une note florale qu’il n’arrivait pas à définir précisément. L’homme se dit qu’il était dommage que ses gants en cuir ne lui permettent pas de caresser le tissu.
Ne se doutant pas une seule seconde que la police était en route, il se leva lentement et se dirigea enfin vers la chambre de Kate. Il n’aurait qu’à la tirer de son sommeil pour l’emmener avec lui et faire d’elle sa prochaine victime. Personne ne pourrait l’en empêcher. Dieu l’avait chargé de cette mission et personne ne pouvait s’opposer à la volonté divine.
Ce fut avec un fin sourire sur les lèvres qu’il posa un pied sur la première marche de l’escalier. L’homme entra dans sa phase de trans, sa mission commençait maintenant.

Mark était plongé dans un profond sommeil lorsque son téléphone se mit à sonner. Il ne l'entendit d'ailleurs pas sonner trop endormi. Cela faisait des jours qu'il n'avait pas dormi correctement et pour la première fois depuis qu'il avait appris qu'il était père il passait enfin une nuit tranquille, sans cauchemars ni crise d'angoisse. Son inconscient fit tout de même un rapprochement entre le son réel et le rêve qu'il faisait. Ainsi dans son rêve il eu l'impression que son téléphone sonnait mais lorsqu'il le décrocha il n'y avait personne à l'autre bout. Un étrange sentiment de malaise envahit alors le jeune homme toujours endormi. Il ne savait pas pourquoi mais il sentait soudainement que quelque chose n'allait pas. S'agitant légèrement dans son lit, il commença doucement à se sortir de son sommeil luttant de toute ses forces pour reprendre conscience.

Le léger bip qu'émit son téléphone, lui indiquant par la même occasion qu'il avait un message vocal, lui fit l'effet d'un électrochoc. Il se redressa d'un seul bond et se retrouva assis dans son lit, la pénombre de sa chambre l'enveloppant doucement comme un refuge. Les yeux à moitié ouverts et encore plein de sommeil il tendit la main vers sa commode cherchant à tâtons son téléphone qui devait être posé dessus. L'homme se frotta les yeux tout en saisissant son téléphone qui s'illumina dès qu'il appuya sur une touche. La lumière projetée par le téléphone éclaira faiblement la chambre de l'avocat qui du plisser les yeux afin de les habituer à la clarté.
Il pu constater qu'effectivement quelqu'un avait bien tenter de le joindre et avait même laisser un message. Se demandant bien qui avait pu l'appeler à cette heure là, Mark appuya sur la touche pour appeler son répondeur et se laissa retomber sur son oreiller, le téléphone coller à son oreille.

- Bienvenue sur votre messagerie. Vous avez 1 nouveau message. Aujourd'hui à 00h17..."Mark, si c’est toi qui es entré chez moi... vas-t-en, ce n’est pas drôle!".

Il fallut quelques secondes à Mark pour comprendre qu'il s'agissait de Kate mais il lui fallut plusieurs minutes pour comprendre réellement le message qu'elle lui avait laissé. Il était étonné de recevoir un coup de téléphone de la jeune femme à cette heure ci mais le message qu'elle lui avait laissé était pour le moins surprenant.

- Mais qu'es ce qu'elle raconte celle là ? marmonna t-il la voix rauque.

Il reposa son téléphone sur sa commode ne voyant pas pourquoi elle lui avait laissé un tel message. Comme si il n'avait que cela à faire que de se rendre chez elle en pleine nuit...franchement ! Elle le prenait pour un gamin de 15 ans ou quoi ? Il attrapa sa couette et la jeta sur lui cette dernière le couvrant jusqu'au menton. Il était fermement décidé à se rendormir et à ne pas faire attention à Kate qui de toute évidence devait avoir fumé la moquette. Il ne pensait pas une seule seconde au meurtrier qui rôdait selon les rumeurs sur l'île. Quand soudainement...un doute insinueux s'installa en lui. Il repensait à la soirée du bal et à la façon dont elle s'était terminé.
Il rejeta les couvertures brutalement, saisit son portable et tenta d'appeler Kate. Il voulait juste s'assurer que tout allait bien et qu'elle avait bien pris des substance illicites car si ce n'était pas lui qui était entré chez Kate...qui était ce ? Il entendit les bips qui lui confirmait que le téléphone de la jeune femme sonnait bien et il du se résoudre à attendre que celle ci décroche.

D’habitude si calme, Kate était en train d’avoir la plus grande peur de sa vie. Elle faisait son possible pour garder son sang froid et ne pas faire le moindre mouvement qui serait susceptible de la faire repérer. Peu à peu, elle revoyait les images du bal masqué qui avait eu lieu quelques jours plus tôt. La jeune femme s’efforçait de ne pas croire aux rumeurs mais plus elle attendait, cachée dans un coin de son balcon, plus elle faisait le rapprochement avec le tueur. Elle avait envie de se lever d’un bond et de courir aussi vite qu’elle pouvait vers la porte d’entrée pour sortir de la villa mais elle savait que la meilleure chose à faire était de ne pas bouger.
Tout de suite après avoir coupé la communication avec la police, Kate avait mis son portable sur silencieux. Ce n’était vraiment pas le moment pour que la sonnerie retentisse. Vu l’heure tardive, il n’y avait aucune raison qu’elle reçoive un appel mais la peur qui s’emparait de la brune lui faisait prendre toutes les précautions. La Lune était presque pleine et elle éclairait très légèrement le jardin. Cependant, une lumière artificielle s’ajouta. A en juger par la source, l’architecte comprit que l’homme était soit dans le bureau, soit dans la buanderie, toujours au rez-de-chaussée. Lorsqu’il monterait l’escalier en chêne, Kate pourrait reconnaître au bruit qu’il se rapprocherait. Mais pour le moment, elle espérait qu’il resterait en bas, le temps que la police arrive.
La jeune femme se sentait pâlir et à présent, elle était obligée de serrer les poings pour empêcher ses mains de trembler. Bien qu’il fasse particulièrement frais cette nuit, c’était l’angoisse qui lui donnait froid et qui la faisait frissonner. Elle tentait de garder une respiration régulière mais plus le temps passait, plus elle était saccadée.
Deux minutes après avoir appelé le commissariat, son téléphone se mit à vibrer. Kate tourna la tête sur le coté et elle put voir un numéro s’afficher. C’était celui de Mark. Elle avait beau l’avoir supprimé, elle n’avait eu aucun mal à s’en souvenir. Pendant quelques secondes, elle hésita à répondre. Elle aurait donné n’importe quoi pour être avec Mark plutôt que là où elle était. Pourtant, il ne fallait pas qu’elle décroche, encore une fois pour faire le moins de bruit possible. L’avocat fut automatiquement dirigé vers la boîte vocale. On n’y entendait que la voix préenregistrée qui énonçait le message habituel de la messagerie. Soudain, Kate se promit que si elle s’en sortait, elle dirait tout ce qu’elle avait sur le cœur à Mark. Elle eut un flash-back de la dernière fois qu’ils s’étaient parlés et elle ne voulait pas que ses derniers mots soient les horribles mots qu’elle lui avait lancés.
La lumière de la buanderie s’éteignit. Le tueur prenait maintenant la direction du premier étage et en comprenant cela, Kate fut prise d’une panique un peu plus grande. Elle avait reconnu le bruit des cadres sur les étagères et elle en avait déduit que s’il s’intéressait aux photographies, c’est qu’il y avait quelque chose de personnel dans ses actes et que ce n’était pas qu’un banal cambrioleur.

Après plusieurs sonneries Mark tomba sur le répondeur de la jeune femme. Une voix mécanique s'éleva pour lui indiquer qu'il pouvait laisser un message après le bip sonore. Mark raccrocha immédiatement et se leva de son lit tout en rappuyant sur la touche appel de son téléphone pour appeler une nouvelle fois Kate. Il alluma sa lampe de chevet et sa chambre s'éclaira d'un seul coup. Tout en tenant son téléphone d'une main il attrapa son jean posé sur le fauteuil dans un coin de sa chambre. Lorsqu'il tomba une nouvelle fois sur le répondeur une douce angoisse s'empara de lui. La situation avait quelque chose d'anormal et il voyait mal Kate prendre une quelconque drogue qui aurait pu lui faire perdre l'esprit au point de croire qu'il s'était introduit chez elle juste dans le but de lui faire peur. Non, il se passait réellement quelque chose, l'avocat en était certain.

Mark s'habilla aussi rapidement qu'il le put et sortit de sa chambre tout en essayant de ne pas faire trop de bruit pour éviter de reveiller Meredith qui dormait encore dans sa chambre. Il descendit au salon enfila sa paire de basket, saisit sa veste et sortit de chez lui en prenant bien soin de verouiller la porte derrière lui. Il laissait Meredith seule dans la villa et il ne voulait pas prendre de risque. Il s'avança alors dans la nuit sur la rue qui menait chez Kate. Une chance pour lui elle n'habitait pas trop loin même si il lui faudrait tout de même 10 bonnes minutes pour arriver devant sa porte.
Il ne savait pas vraiment ce qui le poussait à se rendre ainsi en pleine nuit chez son ex petite amie à qui il ne voulait plus adresser la parole, surtout depuis l'épisode du parc mais il sentait qu'il y avait quelque chose d'anormal dans la situation présente. Kate était peut être en danger et juste pour quelques minutes il mettait son ressenti envers elle de coté. Il n'était plus qu'à deux maisons de celle de Kate, marchant assez rapidement lorsqu'il entendit les sirènes de voitures de police. Au loin il put apercevoir les gyrophares des voitures qui arrivaient à toute vitesse vers la maison de Kate. Là le doute n'était plus permis et Mark accéléra son pas finissant par se mettre à courir. Des images lui revinrent en tête et il pria le ciel pour que ces mêmes images ne se répètent pas sur la jeune femme.

Trois voitures de polices s'arretèrent devant la villa Evans et plusieurs policiers descendirent des véhicules. Trois d'entre eux se dirigèrent vers la porte d'entrée tandis que les autres restaient près de leur voiture. Mark arriva alors devant la maison de Kate et voulut se diriger vers la porte d'entrée mais un policier vint le stopper.

- Bonsoir Monsieur, veuillez rester derrière les voitures s'il vous plait.

Mark s'arrêta ne pouvant pas bousculer le policier en face de lui. Si il le faisait il prenait le risque de voir sa réputation de notable sérieusement égratinée.

- Attendez je connais la femme qui vit dans cette maison. Qu'est ce qui se passe ?

Le policier le regarda quelques secondes un peu suspicieux et peu disposé à lui donner une quelconque information.

- Désolé Monsieur mais nous ne pouvons rien vous dire. Veuillez rester derrière les véhicules de police ou mieux encore rentrez chez vous.

Mark ne pu s'empecher de lui lancer un regard de colère. Pour qui le prenait il celui là ? Un simple badaud qui venait par curiosité ? D'ailleurs en parlant de badauds les gens du quartier réveillés par le bruit des sirènes commençaient à se lever et à regarder par leur fenêtre ce qu'il se passait dehors. Mme Sims sortit même carrèment de chez elle en robe de chambre rose bonbon, un filet bleu sur la tête.

- Non vous ne comprenez pas ! commença à s'énerver Mark. Elle m'a appelé ! Elle croyait que j'étais rentré chez elle.

Kate avait la désagréable impression que le temps passait beaucoup plus lentement qu’à la normale. Cela faisait maintenant sept minutes qu’elle avait appelé la police et il n’y avait toujours aucun signe de l’arrivée d’une patrouille. La jeune femme sentait son cœur battre dans sa poitrine à une vitesse folle. A présent, elle était certaine que l’homme qui était chez elle était le même qui avait semé la panique au bal. Elle n’avait aucune preuve pour en être sûre, mais elle le sentait, comme par instinct. En repensant à la voix du policier qui lui avait répondu, il n’y avait aucun doute que lui aussi pensait à la même personne. Le quartier huppé de la ville était réputé pour être le plus calme et le plus sécurisé de l’île. En effet, rares étaient les villas qui n’étaient pas dotées de système d’alarme. Encore fallait-il penser à l’enclencher systématiquement, contrairement à Kate qui l’oubliait de temps à autres, comme c’était le cas ce soir.
Brusquement, un nouveau bruit fit sursauter la brune. Celui-ci était beaucoup plus inquiétant que les deux premiers. Il s’agissait d’un léger craquement de bois, à peine perceptible, qui indiquait que le tueur venait de poser le pied sur la première marche de l’escalier. Kate savait qu’il y en avait seize et c’est en entendant le huitième craquement qu’un autre bruit se fit entendre, venant d’un peu plus loin. La sirène de voitures de police. La jeune femme n’avait que peu de temps pour réfléchir à ce qu’elle devait faire. L’homme qui s’était introduit chez elle devait sans doute entendre lui aussi et comprendre que la police arrivait. Et s’il décidait de faire son travail avant de s’en aller, il aurait largement le temps de le faire avant l’arrivée des policiers. Tout ce passa alors très vite. Kate se leva brusquement et ouvrit sa fenêtre à la volée. Elle traversa sa chambre en courant et se dirigea vers l’escalier, en espérant pouvoir bousculer l’homme et sortir ainsi de la maison. Après avoir dévalé quelques marches, elle se retrouva nez à nez avec lui. Sans qu’elle ait eu le temps de faire quoi que ce soit, elle sentit les mains de l’homme se refermer sur ses bras et elle fut plaquée contre le mur puis jetée sur les marches, si brutalement qu’une fois tombée, elle eut une violente douleur dans les cotes. Sa respiration se coupa net.

Alors qu’il montait doucement les escaliers, il entendit la fenêtre de la chambre de Kate s’ouvrir. Il comprit instantanément qu’elle était éveillée. Ce n’était pas prévu. C’était la première fois que tout ne se passait pas exactement comme il l’avait prévu. Toujours aussi sûr de lui, il ne lui fallut qu’une seconde pour réaliser qu’il ne pourrait pas emmener Kate avec lui mais qu’il allait devoir la tuer ici rapidement, avant de s’enfuir. Et la demoiselle lui facilitait le travail puisqu’elle courrait tout droit vers lui. L’homme avait l’avantage sur elle. Lui ne paniquait pas. C’est sans trop de mal qu’il l’a saisit par les bras et qu’il la jeta à terre comme une poupée de chiffon. Elle était si faible et lui si fort... Il pouvait en faire ce qu’il voulait. Du moins c’est ce qu’il croyait. Il sortit le couteau dont il se servait pour chacune de ses missions. C’est avec un ricanement qu’il put apercevoir la peur sur le visage de la brune, à la vue de ce qu’il venait de sortir. L’homme avait remarqué la sirène en même temps que Kate et à présent, la lumière bleue des gyrophares se reflétait sur la lame de l’arme.
Il leva le couteau, comme pour prendre de l’élan avant de le planter mais malheureusement pour lui, sa victime, qu’il tenait d’une main à la gorge, se débattu et lui donna un coup de pied dans la jambe. Il trébucha et reçut un deuxième coup dans la mâchoire. Là, il devint fou de rage. Elle ne pouvait pas fuir, il fallait qu’elle paye pour ses péchés. Il ne fallait pas qu’elle s’en sorte, il fallait qu’elle souffre, qu’elle se vide de son sang et que comme les autres victimes, elle sente la mort s’emparer doucement d’elle.

Les projets de Kate étaient diamétralement opposés à ceux que le tueur avait pour elle. Elle voulait vivre. Il y avait tant de choses à faire, tant de choses à dire. Sa vie ne pouvait pas s’arrêter maintenant, sous prétexte qu’un taré de psychopathe voulait l’éliminer. En voyant le couteau, elle fut prise d’une panique si immense qu’elle réussit à faire basculer l’homme qui la retenait au sol. En se relevant, elle lui le frappa d’un coup de coude au visage. Ce n’était pas volontaire mais en ce débattant, le coup était parti tout seul. C’est dans un gémissement de douleur qu’elle se releva tant bien que mal. Elle continua de dévaler l’escalier, manquant de trébucher à chacun de ses pas. Kate eut tout juste le temps de poser une main sur la poignée de la porte d’entrée que l’homme l’avait rattrapé. Il la tenait fermement par les cheveux et la força à s’éloigner de la porte. Il l’entraîna un peu plus loin dans l’entrée, renversant au passage un meuble d’appoint et tel un fou furieux, il jeta la jeune femme de toutes ses forces contre le grand miroir d’un mètre cinquante sur deux mètres, acheté quelques semaines plus tôt au Chat Botté. Dans un grand fracas, le verre vola en éclats. Deux d’entre eux entaillèrent Kate au front. Cependant, elle avait été jetée si violemment qu’elle ne sentit même pas la coupure. Un peu secouée, elle tomba en se laissant glisser contre le mur.
Pendant ce temps, les policiers à l’extérieur avançaient prudemment jusqu’à la porte d’entrée. Ils n’étaient plus qu’à deux mètres lorsqu’ils entendirent le verre se briser. Ils s’arrêtèrent, attendant un ordre de leur supérieur, qui s’était justement chargé de stopper Mark. A vrai dire, il n’avait que faire de qui il était. Il était logé à la même enseigne que les voisins à leurs fenêtres, curieux de voir ce qui se passait. Quoi qu’il se passe, le fonctionnaire de police ne donnerait pas son autorisation à Mark d'aller plus loin.

Soudain, l’homme se dit qu’il ne pouvait se résoudre à accomplir un travail aussi bâclé. Comme les autres, Kate devait ressentir de la douleur et la tuer maintenant n’était pas suffisant. Tandis qu’il la regardait, étourdie et assise appuyée contre le mur, les jambes repliées et les bras tombant le long du corps, il rangea son couteau et sortit de la poche de son sweat-shirt, une autre arme, cette fois une arme à feu.
Cela ne faisait même pas une minute qu’il avait entamé son chemin jusqu’à la chambre de Kate et les choses étaient allées très rapidement. Trop rapidement à son goût.
Il fallait qu’il revienne une autre fois. Ce serait plus dur d’avoir la jeune femme une seconde fois mais il n’avait pas peur de la difficulté, il savait qu’il allait y arriver.
Il attrapa Kate par le menton et la força à lever la tête. Avec un sourire, il lui parla pour la première fois, d’une voix grave qu’elle ne connaissait pas:

- Je reviendrai te chercher.

Puis il se recula et enleva la sécurité de l’arme. Puis il tira une balle. La détonation raisonna dans toute la villa et s’entendit jusqu’au bout de la rue.
L’homme n’avait pas tiré sur Kate mais sur le reste du verre qui n’avait pas été brisé. Ainsi, d’autres éclats de verres tombèrent sur la jeune femme qui plia ses bras sur sa tête juste à temps.
Puis, la regardant une dernière fois d’un regard glacial, il courut jusqu’au salon et sortit par là où il était entré, c’est-à-dire par la baie vitrée. Sachant d’avance par où il devait aller pour ne pas se faire repérer, il disparut dans la nature.

Le policier regarda Mark avec un air méprisant puis appela un autre policier qui semblait être son supérieur et lui expliqua rapidement la situation. Le deuxième policier vint vers Mark qui commençait à bouillir de rage de ne pouvoir rien faire.

- Bonsoir Monsieur. Je suis le sergent Scott. Vous avez dit à un de mes agents que la personne à l'interieur vous avait appelé, puis je savoir quand exactement et pourais je savoir qui vous êtes ?

Au son de la voix du policier on voyait bien qu'il ne plaisantait pas. Il avait l'air parfaitement sérieux et attendait fermement une réponse de la part de Mark.

- Mark Ruthenford j'habite plus haut. Je ne sais pas cela doit faire un quart d'heure ou vingt minutes peut être.
- Vingt minutes ? Et c'est seulement maintenant que vous venez voir ce qu'il se passe ?

Mark fronça les sourcils en ne lâchant pas du regard l'officier.

- Je n'avais pas entendu mon téléphone sonner et je n'ai reçu qu'un message vocal de la part de Kate. Elle croyait que j'étais entré chez elle, sans doute pour lui faire peur j'imagine.
- Vraiment...? Et pourquoi irait elle imaginer des choses pareilles ?
- Qu'est ce que j'en sais moi !! s'énerva franchement Mark. J'ai plus 5 ans au cas où vous ne l'auriez pas remarqué ! J'ai réessayé de la joindre ensuite mais à chaque fois je tombe sur sa messagerie !

Alors que Mark était en train de se prendre la tête avec l'officier Scott un bruit de bagarre étouffé par les épais murs de la villa se fit entendre. Tout le monde stoppa net ses conversations et se tourna inquiet vers la porte d'entrée. Que se passait il à l'intérieur de cette maison ? L'officier se retourna brièvement vers Mark et lui ordonna de ne pas bouger avant d'aller rejoindre ses agents qui attendait ses ordres. Il avait à peine fait quelques pas qu'un coup de feu retentit à l'intérieur de la maison. La raison de Mark disparut instantanément et il s'élança vers la maison avant d'être rapidement retenu par deux policiers.

- KATE !!! hurla t-il en essayant de se dégager de l'étreinte des deux policiers qui le maintenait toujours derrière les voitures de police.

Les policiers près de la porte avaient tous dégainés leurs armes et étaient prêt à rentrer dans la maison, ils n'attendaient plus que le feu vert de leur chef.

Avec la violence du choc, Kate était un peu dans les vaps. Elle était incapable de faire le moindre mouvement. De plus, la douleur qu’elle ressentait dans les cotes était toujours aussi forte et à cela s’ajoutait un mal de tête. Quand l’homme se pencha vers elle et lui releva le visage, elle ne put distinguer que ses yeux. Il portait une capuche, ce qui empêchait de bien voir son visage dans la pénombre. Ce qu’il dit finit de terroriser Kate. En fait, elle ne comprenait pas bien ce qu’il voulait dire par là. Puis rapidement, elle comprit qu’il allait partir et qu’il attendrait un autre jour pour la tuer. Pourtant, ce raisonnement fut mis en doute lorsque le tueur sortit une arme à feu. Ne sachant plus quoi penser, elle le regarda pointé son arme, mais trop haut pour que la balle l’atteigne elle. Quand le coup fut parti, Kate eut un immense sursaut et instinctivement, elle se protégea la tête avec ses bras. Elle resta quelques secondes ainsi, ne bougeant pas d’un centimètre.
Le commissaire détourna son attention de Mark et après lui avoir ordonné de ne pas bouger, il courut jusqu’à ses officiers, qui étaient maintenant au nombre de huit postés devant l’entrée. En sortant son arme, il leur indiqua de sortir les leurs. Puis il prit la tête du groupe et ayant vérifié que la porte était verrouillée, il la défonça d’un coup d’épaule.
En entendant sa porte s’ouvrir brusquement, Kate écarta ses bras de son visage et regarda les policiers qui entraient un à un dans la villa. Elle était si déboussolée qu’elle avait du mal à réaliser que le tueur avait quitté les lieux et qu’elle était enfin en sécurité. Avant même d’aller à sa rencontre, le commissaire ordonna aux policiers d’aller dans différentes directions par groupes de deux. Un groupe devait inspecter l’étage, un autres le rez-de-chaussée. Un groupe devait se déployer à l’arrière de la maison. Et les deux restants devaient patrouiller dans la rue.
Enfin, le supérieur s’avança vers Kate et délicatement il écarta quelques mèches qui lui cachaient le visage.

- Vous allez bien?

Etant donné les circonstances, il ne pouvait pas formuler une question plus stupide que celle-ci. Bien sûr que non ça n’allait pas! Pourtant, la brune hocha la tête en guise d’affirmation. La pression retombait d’un coup et elle avait une envie grandissante d’éclater en sanglots. Ce n’est que maintenant qu’elle sentait quelque chose couler le long de sa joue et sur ses bras. Elle regarda ses mains ensanglantées et constata que plusieurs débris de verre s’étaient enfoncés dans ses paumes, au moment où elle était tombée au sol après que le miroir ce soit brisé. Le commissaire lui indiqua qu’il revenait. Puis il sortit de la villa et sur le perron, il hurla aux hommes qui n’avaient encore reçu aucun ordre.

- Appelez une ambulance!

L’air inquiet, l’homme retourna jusqu’à sa voiture en courant, pour passer un appel à la centrale. D’autres patrouilles devaient être déployées sur l’île. Puis il reprit le chemin de la demeure afin d’attendre l’arrivée de l’ambulance avec Kate. Il passa devant les deux policiers qui tentaient de le maintenir Mark sans adresser un seul regard à l’avocat. Puis il ordonna à ses subordonnées d'un air irrité, en marmonnant presque:

- Lâchez le.

Mark avait l'impression que les secondes s'égrainaient lentement. Chaque chose se passait presque au ralenti et Mark se sentait totalement impuissant face à la situation. Ils étaient à présent tous certain que quelque chose de grave était en train de se dérouler dans la villa Evans. La police défonça la porte avant d'entrer en force dans la maison. De dehors on ne pouvait rien savoir de ce qu'il se passait à l'intérieur, plus les secondes passaient plus Mark avait la sensation de devenir fou. Il voulait savoir...il voulait savoir si Kate allait bien, si elle était encore vivante.

Les deux policiers maintenaient toujours Mark qui paraissait dévasté par l'inquiétude et qui voulait encore entrer dans la maison. Quelques minutes après que la police ait enfoncé la porte de Kate il vit l'officier resortir de la maison et se diriger rapidement vers sa voiture après avoir hurlé à ses collègues d'appeler une ambulance. Mark crut qu'il allait se sentir mal. Qu'est ce que cela voulait dire ? Elle était blessée ? Griévement ou pas ? Il n'en savait encore strictement rien. L'officier donna l'ordre aux policiers qui tenait Mark de le lâcher se qu'ils firent immédiatement.
Mark s'élança alors vers la maison mais après quelques pas il s'arrêta en plein milieu de l'allée. Que pourrait il bien dire à la jeune femme ? Après tout ce qui s'était passé entre eux et même si il était dévoré par l'inquiétude il ne se sentait pas le droit de rentrer chez elle et de jouer le rôle qu'il aurait pourtant voulu avoir en ce moment : son petit ami. Il n'y avait plus rien entre eux...il fallait bien que cela rentre dans sa tête.

Il attrapa l'officier par le bras et le força à s'arrêter. Ce dernier se retourna vers lui l'air un peu surpris qu'un simple civil se permette d'empoigner un agent municipal de la sorte.

- Elle...elle va bien ? demanda Mark sans chercher à cacher son inquiétude.

Le visage du policier se radoucit quelques peu mais il garda tout de même cet air de sévérité.

- Elle semble juste être blessée superficiellement mais elle est en état de choc. Nous devons la faire transporter à l'hopital pour vérifier qu'elle n'a rien d'autre.

Mark lâcha alors le bras de l'homme et porta son regard vers la porte mais de là où il était il ne voyait pas l'intérieur de la maison, ni même Kate.

- Vous ne voulez pas entrer ?
- ...Non...je...je vais plutôt rentrer chez moi. Elle va bien c'est le principal, elle n'a pas besoin de moi...ça ne changerait rien.

Le policier regarda Mark avait une franche surprise puis il secoua doucement la tête consterné.

- Vous êtes vraiment bizarre vous...Vous vouliez absolument rentrer et maintenant que je vous en donne l'autorisation vous ne voulez plus rentrer pour voir votre amie.
- J'ai mes raisons...répondit simplement Mark.

Il jeta un dernier coup d'oeil à la maison de son ex petite amie puis fit demi tour et reprit le chemin qui menait jusqu'à chez lui.

Peu à peu, Kate prenait réellement conscience de ce qui venait de se passer. C’est en regardant autour d’elle qu’elle se rendit compte qu’elle s’était réellement débattue pour résister au tueur. Le bois de la balustrade de l’escalier s’était fracturé en deux endroits, un meuble dans l’entrée était renversé, un autre avait été poussé, un vase s’était brisé sur le sol et une lampe était renversée. Sans parler de tous les éclats de verre qui s’étaient largement répandus autour de Kate.
La scène repassait dans la tête de la jeune femme. Tout était si vif qu’elle avait de plus en plus de mal à respirer. Soudain, une voix lui revint à l’esprit. C’était celle de Mark, qui hurlait son nom, juste après le coup de feu. Kate était si déboussolée qu’elle ne savait pas si cet appel était réel ou si son esprit lui jouait des tours. Qu’importe, elle ne supportait plus de voir tous ses policiers qui lui étaient totalement inconnus. Elle voulait voir un visage familier. Si Mark était là, elle devait le voir. Elle se foutait de leur dispute, à vrai dire elle était si paumée qu’elle n’y pensait même pas. Péniblement, Kate tenta de se lever, en vain. Elle ne pouvait pas prendre appui sur ses mains et de toute manière elle était encore trop étourdie pour tenir debout. Le sergent Scott arriva à ce moment là et lui indiqua:

- Non, ne bougez pas. Une ambulance arrive, elle vous emm...

Kate lui coupa la parole, essayant d’articuler quelques mots entre deux suffocations.

- Mark... il faut que je le vois.

Le policier, maintenant accroupi devant la brune pour être à sa hauteur, tourna machinalement la tête vers la porte d’entrée, se rappelant du nom de l’homme qui s’était présenté à lui.

- Il vient juste de partir.

Cette réplique confirma à Kate qu’elle avait bien entendu la voix de Mark tout à l’heure. Il était là, encore à quelques mètres de la villa. L’état de Kate ne s’arrangeait pas. Ses blessures étaient pour la plupart superficielles mais elle avait vraiment mal dans les cotes et l’agitation qui régnait ne faisait qu’agrandir son stress. Des policiers criaient, marchaient d’un pas lourd sur le parquet du premier étage, les gyrophares continuaient d’inonder l’entrée de la villa de leur vive lumière bleue.
L’architecte voulut à nouveau se lever mais l’officier la saisit délicatement par les épaules comme s’il tenait entre ses mains une fragile poupée de porcelaine. En voyant les tâches rouges de sang sur le débardeur blanc de Kate et les quelques traces sur le carrelage, il craignait de lui faire mal. Pourtant, la jeune femme ne sentait presque pas la douleur de ses coupures, pour le moment. Le policier tentait de la raisonner mais c’était peine perdue. A trois reprises, la brune prononça le nom de Mark, sans arriver à le dire assez fort. Jusqu’à ce qu’elle prenne une inspiration plus forte que les autres.

- Mark!

A présent, les larmes commençaient à couler. Elle venait de vivre un vrai cauchemar et elle avait besoin de lui, juste pour voir son visage, entendre sa voix qu’elle avait bien faillit de plus jamais entendre.
Madame Sims, reconnaissant celle de Kate, posa une main sur sa poitrine et lâcha un "Oh mon dieu!". Elle avait beau être une vieille peau acariâtre, elle n’en était pas moins une femme qui tenait à ses voisins. De plus, maintenant qu’elle savait que Kate était en vie, elle pourrait jouer la commère de service sans restriction et sans honte de parler sur le dos d’un mort.
Le policier se redressa et pour la première fois de la soirée, il obéit à un ordre, plutôt que de le donner.

- Calmez vous, je vais voir si je peux le trouver.

En fait, l’agent Scott commençait à être anxieux. Un de ses hommes venait d’allumer une lampe dans le salon et la faible lumière avait suffit à lui faire constater que Kate était particulièrement pâle. Il trouvait aussi sa respiration très irrégulière et n’ayant aucune vraie notion de médecine, il ne savait pas trop quoi faire, si ce n’est faire tout son possible pour mettre la victime en confiance.
Il sortit donc et tout en cherchant Mark du regard il hurla, avant de lâcher un juron:

- Elle arrive cette ambulance?!

Il ne savait pas si Mark avait entendu Kate l’appeler mais quoi qu’il en soit, il le reconnut au bout de l’allée. Il courut vers lui, se posta devant lui et alla droit au but:

- Elle veut vous voir. Ecoutez... je ne peux pas vous forcer à y aller et je ne connais pas les raisons qui vous poussent à partir mais si vous l’aimez un tant soit peu, entrez.

L’agent ne comprenait pas du tout la réaction de l’homme qui, il a quelques minutes encore, était si paniqué à l’idée que la jeune femme ait été tuée. Qu’avait-elle fait pour mériter un tel mépris, maintenant qu’il la savait hors de danger?

Il était presque arrivé au bout de la rue après laquelle il lui suffisait de tourner à gauche pour regagner sa propre rue lorsqu'il distinga des bruits de pas rapides parmi tout le brouhaha ambiant. Légèrement sur ses gardes il se retourna rapidement et aperçut le sergent Scott qui s'approchait vers lui. Il se demandait bien ce que lui voulait de nouveau le policier. Ce dernier se plaça devant lui et lui déclara que Kate voulait le voir. Le visage de Mark exprima clairement sa surprise. Il n'aurait jamais pensé qu'elle demanderait après lui...Le policier continua sur sa lancée en rajoutant qu'il ne pouvait en aucun cas le forcer à accepter mais que si il aimait un tant soit peu Kate il devait y aller.

Pendant quelques secondes Mark resta indécis. Que devait il faire ? Devait il aller la voir ou bien rester sur sa première idée et rentrer chez lui. L'avocat ne savait pas quoi faire...Une partie de lui avait bien évidemment envie de retrouver la jeune femme et de la prendre dans ses bras mais une autre partie de lui s'y refusait strictement. Il regarda de nouveau le policier montrant clairement son indécision. Le sergent Scott reprit alors la paroles.

- Ecoutez elle est assez agitée et ne réclame que vous. Si vous n'y allez pas vous et moi nous savons que vous vous en voudrez par la suite.

Mark hocha alors la tête très lentement et commença à marcher en direction de la villa. Le policier parut soulagé de voir l'homme devenir enfin raisonnable. Peut être arriverait il à calmer la jeune femme jusqu'à l'arrivé de l'ambulance. Mark et le policier retournèrent donc jusqu'à la villa encore pleine de monde et pleine de bruit. Lorsqu'il arriva près de la porte d'entrée la première chose que vit Mark c'était le désordre, il y régnait un chaos sans nom qui témoignait de la violence de ce qui s'était passé entre ces murs. Il avait eu l'occasion de voir pas mal de chose de ce style dans sa carrière d'avocat mais c'était la première fois qu'il était aussi choqué de voir cette situation. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi une telle chose était arrivé à Kate. Que voulait ce malade à la fin ? Qui était il et pourquoi s'en prenait il ainsi à la population ?

Le sergent qui était déjà entré dans la maison alors que Mark était encore sur le seuil, lui fit signe de rentrer. L'homme de loi prit une profonde inspiration et passa le pas de la porte. Il avait l'impression que son coeur se serrait à chaque pas, voir et constater ce qui s'était passé il y avait encore quelques minutes était presque insoutenable. Mais alors qu'il pensait ne pas pouvoir être plus contrit, ses yeux se posèrent sur Kate, assise par terre et à première vue assez amochée. Du sang tâchait son débardeur et ses mains étaient ensanglantés. Du verres trainait tout autour d'elle et la jeune femme était d'une pâleur à faire peur.

Il se dirigea vers la jeune femme et arriver à sa hauteur s'accroupit pour pouvoir être à sa hauteur et qu'elle puisse le regarder sans avoir à lever la tête. Ses yeux se remplirent de larmes qui ne coulèrent pourtant pas mais on voyait bien qu'il était sincérement touché de la voir dans cet état.

- Kate...murmura t-il tout en posant avec délicatesse sa main sur sa joue. Il n'osait pas caresser sa peau de peur de lui faire mal car elle avait quelques coupures sur le visage.

A nouveau seule dans l’entrée, Kate ferma les yeux, résolue à se calmer. Elle se répétait intérieurement que tout allait bien, qu’on allait l’emmener à l’hôpital pour quelques examens qui ne révèleraient rien de grave et qu’ensuite, tout redeviendrait normal. Lorsque Mark entra dans la villa, la jeune femme ne l’entendit pas. Ce n’est que lorsqu’il se baissa et qu’il posa une main sur sa joue qu’elle réagit enfin. Elle leva les yeux et remarqua que ceux du brun étaient pleins de larmes, comme s’il allait se mettre à pleurer. Mais Kate fut la première. Après quelques secondes à observer celui qu’elle avait cru ne plus jamais revoir, elle se pencha doucement en avant et posa sa tête sur l’épaule de Mark. Là, elle éclata en sanglots. Ce n’était que maintenant qu’elle se sentait en confiance et qu’elle avait vraiment l’impression de reprendre contact avec le monde réel. Le cauchemar était passé. C’était la toute première fois que Kate pleurait devant son ex petit ami. Ses pleurs étaient assez rares et jamais elle ne s’était autant laissée aller devant quelqu’un. Difficilement, elle passa ses bras autour de la taille de Mark. Jamais elle n’avait autant ressenti un sentiment de protection comme celui qu’elle avait maintenant. Tandis que les larmes coulaient, Kate se détendait peu à peu. Sa respiration, bien qu’encore anormale, était moins inquiétante. L’agent Scott, qui parlait avec l’un de ses officiers non loin de là, put remarquer l’effet bénéfique qu’avait une simple présence. Il avait eu raison d’insister comme il l’avait fait.
Quant à elle, Kate extériorisait son stress. Elle s’écarta légèrement pour regarder Mark dans les yeux. Elle se rappelait de la promesse qu’elle s’était faite. Il fallait qu’elle dise à Mark ce qu’elle avait à lui dire. Après leur rupture, elle avait jugé qu’il était trop tard pour avouer ses sentiments. Inconsciemment, elle se disait que puisqu’il n’était jamais bien loin, elle aurait l’occasion de tout lui avouer un jour ou l'autre. Mais avec ce qu’elle venait de vivre, elle avait brusquement pris conscience qu’elle avait risqué de ne plus jamais pouvoir s’exprimer. Et si par exemple, Mark décidait du jour au lendemain de quitter l’île comme il l’avait déjà fait? Leur relation serait encore restée sur un non-dit. Alors même si ce qu’elle allait dire ne servirait à rien et que cela ne réparerait rien entre eux, Kate aurait au moins été franche et n’aurait plus rien à regretter. Comme si elle était sur le point d’annoncer quelque chose d’une extrême importance, la jeune femme rassembla tout le calme qu’elle put trouver en elle pour être capable de parler.

- Mark... Je sais qu’il est trop tard... mais... il faut que je te dise...

Un bruit de sirène se fit entendre au loin, ce qui annonçait la venue toute proche de l’ambulance. Kate comprit que dans quelques minutes, elle serait sur le chemin de l’hôpital. Soudain, elle réalisa que ce n’était pas le moment de faire un tel aveu. Mark pourrait croire qu’il n’était formulé que sur le coup de la panique et qu’il n’y avait rien de vrai là dedans.
D’un revers de main, la brune essuya ses larmes. Elle changea radicalement la suite de sa phrase, si bien qu’il était évident qu’elle n’avait plus rien à voir avec ce que Kate avait l’intention de dire quelques secondes plus tôt.

- Fais moi sortir d’ici, s’il te plaît...

Lorsque Kate se mit à pleurer, Mark essuya doucement les larmes qui coulaient sur son visage jusqu'à ce que cette dernière vienne appuyer sa tête contre son épaule et éclate franchement en sanglot. C'était la toute première fois qu'il la voyait pleurer mais il ne la comprenait que trop. Elle venait de vivre quelque chose de choquant et le stress était certainement en train de retomber. Elle passa ses bras autour de lui et Mark en fit de même. Il la serrait sans vraiment la serrer ayant peur de lui faire mal à un quelconque endroit. Il avait simplement passer ses bras autour de son corps comme pour l'envelopper et pour qu'elle puisse mieux ressentir sa présence. Pendant qu'il la tenait il se ressaisit, effaçant toute traces de larmes dans ses yeux. Il ne devait pas montrer qu'il était faible devant elle dans cet état. Ce qu'elle avait besoin c'était de soutien et non pas d'apitoiement.

Lorsque Kate s'écarta de lui et plongea ses yeux dans ceux de Mark, il ne chercha pas à rompre le contact avec celle ci et ne cilla pas. Il comprit tout de suite qu'elle avait quelque chose d'important à lui dire mais ne savait pas vraiment quoi. Pourtant lorsqu'elle commença à parler, le cœur de Mark se mit à s'emballer...Il y avait mille chose qu'elle pouvait dire mais Mark n'était pas forcément disposé à les entendre et quant bien même il sentait que ce qu'elle allait dire n'était pas en soit méchant, il sentait que cela allait peut être changer son regard sur elle. Soudain une sirène au loin se fit entendre. L'ambulance était enfin arrivée ! Le sergent alla vérifier qu'il s'agissait bien de leur ambulance et sortit de la maison tandis que d'autres policiers grouillaient encore dans tout les étages de la maison à la recherche du moindre indice permettant de confondre le coupable. Kate termina alors sa phrase d'une manière inattendue.

Mark n'était pas dupe et savait parfaitement que ce n'était point ce qu'elle s'apprêtait à lui dire et que pour une raison qui lui échappait elle avait renoncé à son projet initial. Il lui en fut reconnaissant dans un certain sens. Il ne savait pas vraiment ce qu'elle avait voulu dire mais ne voulait pas en savoir davantage. Elle était sous le choc et pouvait bien dire n'importe quoi.

- Ok...murmura t-il. Je vais t'aider à te lever d'accord ? Ensuite tu n'auras qu'à prendre appui sur moi. Ca va aller ?

La jeune femme ne savait pas si par la suite elle serait capable de dire ce qu'elle devait dire à Mark. En fait, elle était lâche incapable d'ouvrir entièrement son cœur à quelqu'un. Etait-ce parce qu'elle avait peur de souffrir? Ou bien était-ce parce qu'elle était trop froide pour montrer qu'elle pouvait avoir des sentiments? Kate elle même n'en savait rien. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle faisait un blocage et qu'elle ne voulait pas être amoureuse. Depuis qu'elle était toute petite, les gens qu'elle aimait lui était enlevé.
L'heure n'était pas à la psychanalyse. Quand Mark passa ses bras autour d'elle, la brune se sentit un peu plus en sécurité encore. Elle n'avait pas l'impression d'être secourue par son héros. Non, elle sentait juste que Mark était là où il devait être, avec elle. Il jouait simplement son rôle et le fait de pouvoir se blottir dans ses bras suffisait à apaiser Kate. Si ça ce n'était pas la preuve qu'il comptait pour elle, bien plus qu'il ne pouvait l'imaginer...
Sans chercher à protester, ce que la jeune femme apprécia, l'homme de loi lui accorda ce qu'elle lui avait demandé, c'est à dire de sortir. Il lui dit qu'il allait l'aider à se lever et que la jeune femme pourrait prendre appui sur lui. Kate se contentait de hocher la tête positivement. Elle savait qu'elle allait devoir fournir un gros effort pour arriver à se lever et à tenir en équilibre sur ses jambes. Un médecin s'y serait sûrement farouchement opposé mais Kate avait besoin d'air. Il fallait qu'elle respire, ici elle étouffait. Afin de pouvoir être entraînée avec Mark lorsqu'il se lèverait, Kate passa ses bras autour de son cou.
Il lui demanda si ça allait aller. Cette réplique n'avait rien de particulier et pourtant, elle figea le regard de l'architecte sur le visage de son petit ami.
Ce n'est que maintenant qu'elle se rendit compte que leurs visages étaient proches. Kate pouvait lire dans celui de Mark toute la fragilité que son état lui renvoyait. Il avait beau paraître aussi serein qu'on pouvait l'être dans une situatioN pareille, la brune n'avait jamais lu dans son regard ce qu'elle y lisait à l'instant même. Elle ne trouvait aucun mot pour définir ce qu'elle voyait. En guise de réponse, et sans réfléchir aux conséquences, Kate déposa ses lèvres sur celles de Mark. Le contact ne dura qu'une seconde et pourtant, il signifiait tant de choses. Le message premier était que ça allait, que la jeune femme avait confiance en lui et qu'il n'avait pas à avoir peur de lui faire mal. Tant qu'il la gardait dans ses bras, elle n'avait rien à craindre.
Kate ne s'attarda pas plus longtemps sur ce geste. Elle avait conscience qu'en se levant, elle allait avoir mal et qu'il faudrait qu'elle se force à ne pas montrer sa douleur. Elle devait se lever rapidement.

- Un, deux,... trois.

Kate grimaça légèrement mais ne perdit pas son objectif de vue: sortir. Mark et elle prirent la direction de la sortie. Lorsqu'ils passèrent la porte et qu'ils se retrouvèrent sur le porche, la demoiselle put sentir la fraîcheur de l'air. Toujours soutenue par Mark, elle vit l'ambulance arriver en trombe. A peine les deux ex eurent-ils le temps de descendre les quelques marches qu'un brancard venait déjà à leur rencontre. Un médecin y allongea Kate et lui tendit un masque à oxygène, ce qui lui fit un bien fou. Au premier coup d'oeil, le médecin avait remarqué le visage blanc de la jeune femme mais aussi qu'elle se tenait les cotes. Il écarta délicatement ses mains et souleva son débardeur. Son regard se stoppa sur une tâche rouge-violette sous cutanée. Il leva les yeux vers Mark. C'était la première fois qu'il lui accordait son attention et pensant qu'il s'agissait d'un policier qui n'avait aucun lien avec la victime, il lui dit d'un air grave:

- C'est mauvais signe...

Sans d'autres précisions, il indiqua d'un signe de tête à l'ambulancier de retourner à l'ambulance. Pensant que Mark était un policier et suivant la procédure qui indiquait qu'un fonctionnaire de police devait accompagner une victime d'agression jusqu'à l'hôpital, il l'appela:

- Venez!

Sur le chemin qui menait à l'ambulance, il reporta de nouveau son attention sur l'ambulancier:

- Appelle l'hôpital pour qu'il prépare la salle de radio et un bloc, au cas où.

En fait, le médecin ne pouvait interpréter la tâche violette de Kate que par deux problèmes: le premier, un hématome dû à une cote cassée, ce qui serait sans gravité. Le deuxième, bien pire: la cote cassée pouvait avoir causé une perforation pulmonaire.

Kate passa ses bras autour de son cou signifiant par la même occasion qu'elle était prête à se lever. Alors qu'il lui demandait si ça allait aller, la jeune femme fixa son regard sur le visage de Mark. Loin de se douter des pensées de la jeune femme, il crut simplement qu'elle craignait d'avoir mal en se levant, ce qui serait surement le cas vu son état. Il ne s'attendit pas du tout au geste qu'elle fit en posant ses lèvres sur les siennes. Il n'eut d'ailleurs pas le temps de réagir d'une quelconque manière le baiser ne durant qu'une fraction de secondes. Mark ne savait pas trop quoi penser de ce geste si soudain auquel il ne s'attendait certainement pas. La jeune femme chercha à se lever tout de suite après et Mark l'y aida du mieux qu'il put. Il avait peur de lui faire mal si il la serrait trop et en même temps il devait bien la soutenir sinon elle risquait de ne pas tenir sur ses jambes et de s'écrouler à nouveau.

La jeune femme esquissa un légère grimace témoignant de la douleur qu'elle ressentait mais elle semblait déterminée à sortir de la maison. Ils se dirigèrent donc vers la sortie à petits pas pour éviter que Kate n'ait trop mal. Une fois dehors à l'air frais, l'ambulance apparut au coin de la rue et fut devant la maison en à peine quelques secondes. Aussitôt des ambulanciers sortirent de la voiture et se dirigèrent vers Kate et Mark avec un brancard. Une fois que Kate fut allongée sur le brancard, l'ambulancier souleva le débardeur de Kate et constata une étendue violette sur son abdomen. Il leva alors le visage vers Mark et lui déclara que ce n'était pas bon signe.
Mark n'avait pas besoin que ce dernier lui dise cela, il était bien conscient que l'hématome qu'elle avait n'était pas normal. Elle devait au mieux avoir des cotes cassés et au pire...mais Mark ne voulait pas penser au pire. Il n'était plus avec Kate mais il refusait de penser que la jeune femme pouvait avoir de graves séquelles ou même mourir. Avant même qu'il n'ait eu le temps de répondre quoi que ce soit l'ambulancier lui dit de le suivre et partit rapidement en direction de l'ambulance.

Mark le suivit jusqu'à la voiture et tandis qu'ils montaient Kate dans le véhicule Mark attrapa l'ambulancier par le bras afin de lui parler.

- Ecoutez je ne peux pas venir immédiatement. J'ai une jeune femme chez moi et elle est toute seule. Je ne peux pas partir en la laissant seule à la maison alors qu'un malade rôde dans le coin.

Même si il avait envie de rester auprès de Kate qui semblait avoir besoin de lui, il ne pouvait pas non plus se permettre de laisser Meredith toute seule chez eux. Un malade avait attaquer Kate qui disait qu'il n'allait pas de nouveau frapper ? Mark ne pourrait jamais se le pardonner si quelque chose arrivait à sa petite sœur. Elle était déjà tellement fragile...

- Mais...vous n'êtes pas de la police ? demanda l'ambulancier surpris.
- Bien sur que non je suis...Mark laissa sa phrase en suspens. Qui était il après tout vis à vis de Kate ? Je suis un ami, j'habite un peu plus haut.

Il ne voyait pas quoi dire d'autre. L'ambulancier demanda à son collègue d'aller chercher un agent et il entra dans l'ambulance. Mark monta à son tour, il voulait lui même dire à Kate qu'il ne pouvait pas venir avec elle à l'hôpital. Il ne voulait pas qu'elle se rende soudain compte qu'il n'était plus là de crainte qu'elle ne s'affole. Il s'approcha d'elle sous l'œil désapprobateur de l'ambulancier mais Mark n'en avait que faire. Il pris la main de la jeune femme et la regarda.

- Kate...Je ne peux pas venir avec toi maintenant. Mais je passerai te voir dès demain matin. Ne t'inquiète pas. Ils vont te conduire à l'hôpital et tout va très bien se passer. Ils vont te soigner et tu sortiras très vite de là. Tiens le coup d'accord ?

Il se pencha en avant et déposa un baiser sur le front de la jeune femme avant de lui jeter un dernier regard d'encouragement et de descendre de l'ambulance.

L'oxygène faisait déjà son effet et Kate se sentait mieux. Elle observait la scène qui se déroulait devant ses yeux sans rien dire. Lorsque le médecin annonça que c'était mauvais signe, la brune essaya de se redresser pour voir de quoi il parlait et ouvrit de grands yeux en voyait la tâche. Qu'est ce que c'était? N'ayant pas le temps d'expliquer quoi que ce soit, l'ambulancier lui demanda de s'allonger avec un sourire. On voyait bien que son calme apparent ne servait qu'à masquer l'inquiétude qu'il avait. Tandis que le brancard avançait, Mark saisit le médecin par le bras et lui expliqua qu'il avait une femme chez lui qui était seule. Kate se rappela de la jeune femme qui l'accompagnait au parc et comprit tout à fait que l'avocat ne veuille pas la laisser seule dans sa villa avec le taré qui rodait probablement encore dans le quartier. Même si elle n'avait pas particulièrement envie que Mark s'en aille, Kate ne pouvait que l'inciter à rentrer chez lui. Son regard se dirigea vers le médecin, qui était surpris d'apprendre que le brun n'était pas de la police. L'architecte ne fit même pas attention à la façon dont il se qualifiait vis-à-vis d'elle. Pour l'instant, il se comportait comme un ami alors il pouvait se considérer comme tel.
Une fois dans l'ambulance, Kate ferma les yeux, pensant que Mark était parti. Mais quand elle sentit une main tenir la sienne, elle sut tout de suite qu'il s'agissait de lui. Elle rouvrit les yeux et pendant qu'il s'adressait à elle, elle écarta le masque à oxygène de son visage. Comme toujours, elle voulait se montrer forte et elle lui adressa un fin sourire en guise de réponse. Lorsqu'il l'embrassa sur le front, Kate posa une main sa nuque et l'écarta afin que le jeune homme puisse s'en aller. Ce qu'il fit, après lui avoir adresser un regard encourageant.
A peine eut il le temps de descendre de l'ambulance que l'agent Scott y entra. Le véhicule se mit en route et sur le chemin, le médecin expliqua à Kate ce qu'elle avait sans doute et les examens qu'elle allait passer. En réalité, elle n'arrivait pas à réaliser qu'elle avait peut-être un poumon perforé. Le médecin avait beau lui expliquer que si c'était le cas, elle ne le sentirait pas forcément, Kate sentait au fond d'elle que ce n'était pas aussi grave. Heureusement, la radio qu'elle fit en arrivant à l'hôpital le confirma. Il s'agissait simplement d'un hématome, important certes, mais bénin et qui disparaîtrait dans quelques jours. Cependant, elle avait effectivement deux cotes cassées. Pour cela, il n'y avait rien à faire, à part rester au repos et prendre des anti-inflammatoires et des anti-douleurs.
En sortant de la salle de radiographie, toujours allongée sur ce foutu brancard, Kate était rassurée. Dans le couloir qui menait à sa chambre, elle regarda l'heure sur une pendule accrochée au mur. Il était déjà deux heures du matin.
Quand elle arriva dans sa chambre, une infirmière et l'agent de police l'y attendait. La jeune femme se leva afin de s'installer sur le lit. L'infirmière appuya sur un bouton de la télécommande afin que le lit se redresse et que Kate puisse être assise. Ensuite, elle lui donna deux cachets à avaler: de la morphine puis lui enfonça un cathéter dans le poignet gauche pour pouvoir la perfuser. En temps normal, elle supportait mal qu'on lui enfonce quelque chose dans les veines mais cette fois, elle le sentit à peine. Pourtant, le diamètre du cathéter était bien plus gros que celui d'une aiguille pour effectuer une prise de sang.
Vint alors ce à quoi il fallait s'attendre: l'extraction des morceaux de verre enfoncés dans les mains et les bras de Kate. A chaque éclat retiré, l'agent Scott tirait une petite grimace. Au bout d'une quinzaine de minutes,l'eau dans la petite bassine métallique dans laquelle étaient jetés les morceaux de verre était rouge de sang. L'infirmière en retira même deux sur le front de Kate.
Depuis qu'elle était entrée dans l'hôpital, cette dernière se laissait sagement faire. D'abord pour la radio, pour les médicaments, pour les éclats de verre et maintenant pour les pansements.
Il était maintenant trois heures trente du matin et la jeune femme était exténuée par la journée qu'elle venait de passer. Le policier lui expliqua alors:

- Je vais vous laisser dormir. Demain matin je repasserai chez vous afin de vous rapporter quelques affaires. Je viendrai vous voir à dix heures. Il faudra que je vous pose quelques questions. Ça risque d'être un peu long donc reposez vous bien.

- D'accord, à demain.

Dix heures était l'heure à laquelle commençaient les visites. C'était donc à partir de cette heure-ci que Kate devait aussi s'attendre à voir Mark. La jeune femme avait eu une courte nuit mais les analgésiques l’avaient aidé à trouver le sommeil. A neuf heures, elle avait déjà pris une douche et avait revêtu le classique pyjama bleu de l'hôpital. A dix heures précises, quelqu'un toqua à la porte puis entra. C'était le médecin, qui venait pour des examens complémentaires, qu'il avait préféré faire une fois que la jeune femme serait reposée. Kate était relativement détendue et souriait même. Elle se rendait compte qu'elle avait eu une chance incroyable et refusait de ressasser la nuit précédente dans son esprit. Au contraire, elle devait essayer de l'oublier. Bien évidemment, elle n’était pas tranquille et repensait sans cesse à ce que lui avait dit l’homme avant de partir mais elle arrivait à se montrer sereine. Donc malgré les multiples petites coupures qu'elle avait, elle paraissait plutôt en forme.