Une rencontre étonnante [PV Kate]

Aujourd’hui, le temps était radieux sur l’île. Il avait plu toute la nuit et à présent, le ciel était d’un magnifique bleu azur. Il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid. La température était en fait idéale. Ce matin là, Kate s’était levée de bonne humeur, le sourire aux lèvres. Depuis que l’aéroport était terminé et qu’elle n’y allait que de temps à autres pour de la paperasse, elle était beaucoup moins fatiguée et stressée. Elle pouvait à présent se consacrer pleinement au cabinet d’architecture, où le boulot ne manquait pas. Cependant, cela n’avait rien à voir avec l’aéroport où la charge de travail était beaucoup plus grosse.
Dorénavant, l’architecte avait l’impression qu’elle était à moitié en vacances. Elle pouvait se lever à l’heure qu’elle voulait, prendre le temps qu’elle souhaitait pour sa pause déjeuner et quitter le cabinet dès dix huit heures. Par conséquent, elle avait plus de temps pour ses amis, qu’elle voyait plus fréquemment qu’avant. Une autre chose qui l’aidait à être plus détendue, c’était le fait qu’elle n’ait pas revu Mark depuis cette fameuse soirée à la Bodega. Les français avaient quitté l’île, ravis de leur voyage, même si le blond était quelque peu déçu qu’il ne se soit rien passé entre Kate et lui. La brune arrivait peu à peu à ne plus penser à Mark, du moins elle cessait de se torturer l’esprit en pensant à ce qu’elle aurait du faire ou ne pas faire.
Il était neuf heures quand la demoiselle était sortie de l’hôtel, vêtue d’un jeans coupe droite et d’une chemise à manches courtes bleu pastel. Ses cheveux, qu’elle avait attachés en queue de cheval, avaient repris leur couleur naturelle. Ainsi, elle avait un look plutôt décontracté pour une architecte qui se rendait sur son lieu de travail. Mais puisqu’elle n’avait aucun rendez-vous aujourd’hui et qu’elle était sa propre patronne, elle faisait ce qu’elle voulait. C’est avec le sourire qu’une fois arrivée au cabinet d’architecture, elle dit bonjour aux employés, prenant même quelques minutes pour discuter avec sa secrétaire, qui venait de fêter ses quarante ans en Italie et qui avait bien sûr eu le droit à un week-end prolongé.
Il était un peu moins de midi quand Kate sortit de son sac un faire-part. Une de ses amies allait se marier le mois prochain et elle l’avait invité. La brune resta quelques secondes à observer l’invitation qu’elle tenait entre les mains, hésitant à vraiment y aller. Elle n’était pas sûre d’avoir envie de se rendre à un mariage pour voir autour d’elle des dizaines de couples heureux qui nageaient dans le bonheur. Puis finalement, elle se dit qu’elle ne pouvait pas ne pas y aller, son amie comptait sur elle, surtout qu’elle l’avait choisi comme témoin.
Kate se leva, mit son sac sur son épaule et indiqua à sa secrétaire qu’elle allait manger en ville. Elle allait en profiter pour trouver une robe pour le mariage.
Il y avait beaucoup d’habitants qui sortaient pour déjeuner et les ruelles étaient loin d’être déserte. De plus, il y avait plusieurs touristes qui flânaient tranquillement, tous le sourire aux lèvres en découvrant le charme de l’île. Alors forcément en les voyant, les habitants ne pouvaient que se réjouir et être fiers du petit paradis où ils vivaient.
Alors que Kate marchait en direction de la ruelle où se situait le restaurant où elle avait l’intention de manger, une femme l’aborda, en lui disant qu’elle était perdue. Elle lui expliqua ensuite qu’elle voulait rejoindre son mari et ses enfants dans un restaurant dans le coin. En entendant son accent français qui lui rappelait celui des habitants du sud de la France, Kate lui adressa un sourire et lui répondit en français.

- Si vous avez le nom du restaurant, je pourrais vous y accompagner. Ces rues sont un vrai labyrinthe quand on n’est pas d’ici.

Et Kate savait de quoi elle parlait; quand elle était arrivée sur l’île et qu’elle s’était aventurée dans les ruelles, il lui avait fallu un bon quart d’heure pour en ressortir. En l’entendant parler sa langue natale, la femme lui rendit un franc sourire et lui donna le nom du restaurant, la remercia et lui demanda si elle était sûre que cela ne la dérangeait pas. La brune lui dit que c’était justement le restaurant où elle comptait aller.
Sur le chemin, Kate lui parla de quelques endroits magnifiques qu’elle devait voir pendant qu’elle était sur l’île. Elle avait compris que la quinquagénaire venait du sud de la France mais elle n’avait pas pensé à lui demander d’où exactement. Parlant de tout et de rien, la femme demanda à la brune si elle avait l’habitude de sortir le midi. Kate lui répondit que non mais que cette fois, elle devait se trouver une robe pour un mariage auquel elle n’avait pas vraiment envie d’assister, surtout qu’elle n’avait pas de cavalier sous la main pour le moment.
Kate trouvait que malgré la petite taille, la femme dégageait un charisme qu’elle avait rarement vu chez une femme de son âge. Contrairement à la plupart des femmes qui cachaient leurs cheveux blancs, elle gardait les siens naturels, ce qui lui donnait en fait du charme.
Devant la terrasse du restaurant, les deux femmes s’arrêtèrent et Kate eut un sourire qui lui fut rendu:

- Voilà nous y sommes.

Depuis qu'elle était toute petite, le père de Kate avait mis un point d'honneur à ce qu'on lui enseigne les bonnes manières. Et il avait toujours pris plaisir à constater qu'elle était polie et bien élevée. Etant adulte, la brune n'avait rien perdu de ce trait de caractère. Elle se tenait convenablement, était souriante et avenante. Au delà de ça, elle était sociable et n'avait donc aucun mal à discuter avec de parfaits inconnus. C'est pourquoi une fois arrivée devant le restaurant où la femme lui proposa aimablement de prendre un verre avec elle, elle lui répondit:

- J'en serai ravie. Et puis ce sera une bonne occasion pour moi de réviser mon français.

Kate avait un français irréprochable malgré un léger accent américain. Cependant il fallait bien qu'elle le parle de temps en temps afin de ne pas le perdre. Après lui avoir fait remarquer qu'elle parlait parfaitement français, elle s'avança jusqu'à une table, suivie de la jeune brune qui s'assit en face d'elle. L'endroit était charmant, légèrement ombragé par la vigne montante qui avait envahi une bonne partie de la structure prévue à cet effet. Tout était paisible dans ce coin de la terrasse et les tables aux alentours étaient libres, ce qui rendait le lieu un peu plus calme encore.
Un serveur vint à la rencontre des deux femmes et prit leur commande. Kate prit un jus de pamplemousse rose. Par une journée ensoleillée comme celle là, il n’y avait rien de meilleur qu’un bon jus de fruits frais.
Il était rare que l’architecte se laisse invitée par une personne inconnue mais cette fois, elle n’avait pas pu refuser, se trouvant en compagnie d’une femme qu’elle trouvait très sympathique et avec qui elle se sentait parfaitement à l’aise. De plus, elle pouvait prendre tout le temps qu’elle voudrait avant de repartir travailler.

La vieille dame fut ravie que la jeune femme accepte sa proposition. Cette dernière lui répondit que cela lui permettrait de partiquer son français bien que la vielle dame estimait qu'elle s'exprimait dans un français parfait. Elle dénotait un petit accent américain mais vu que la plupart des gens sur cette île parlait anglais elle trouvait cela parfaitement normal. Elles prirent donc place à une table ombragée car la chaleur était plus que jamais présente sur l'île où il faisait toujours beau. Après avoir passé leur commande un jus de pamplemousse pour la jeune femme et un verre de vin blanc sec bien frais pour celle plus âgée, elle commencèrent à papoter tranquillement.

- Je n'ai même pas pensé à me présenter ! remarqua la vieille dame avec un sourire confus. Je me prénomme Rosaria.

Le serveur revint près des femmes avec leur commande qu'il déposa sans mot dire avant de repartir servir d'autres clients.

- Je trouve cette île vraiment charmante. J'ai cru comprendre que vous viviez ici non ? Vous travaillez dans quoi exactement ? Si cela n'est pas indiscret bien sur...

Kate avait beaucoup voyagé avant d'arriver sur l'île, elle savait quelle importance il fallait donner à l'accueil des touristes dans un pays qu'ils visitaient. La sympathie des habitants comptait autant que la beauté du lieu. Heureusement, l'île était à la fois un lieu sublime et un endroit où la plupart des gens se montraient de bonne humeur. Bien évidemment, le soleil y était pour quelque chose.
Quand la femme se présenta et donna son prénom, Rosaria, la brune lui sourit.

- Et moi Kate.

Elle aurait pu donner son "vrai" prénom mais elle ne le fit pas. Non pas qu'elle ne l'aimait pas, même s'il fallait avouer qu'elle le trouvait un peu pompeux, surtout lorsqu'il sortait de la bouche de son père. Elle préférait simplement qu'on l'appelle par le diminutif que tout le monde connaissait.
Après que le serveur ait déposé les verres sur la table, Rosaria orienta la conversation sur ce que faisait la jeune femme sur cette île.

- J'habite ici depuis cinq ans. J'ai fait ma dernière année d'étude en architecture à la faculté de l'île. Puis je me suis associée avec une amie pour ouvrir mon cabinet. Et j'ai aussi dirigé la rénovation de l'aéroport. Si vous êtes arrivée en avion, vous avez probablement vu que des travaux venaient tout juste d'être faits.

La cérémonie d'inauguration de l'aéroport allait avoir lieu la semaine suivante, lorsque le maire serait revenu de son séjour au Mexique. Kate était impatiente de voir le résultat final. Pour le moment, elle n'avait vu que l'édifice une fois achevé mais il fallait encore installer les dernières petites choses comme les ordinateurs, les panneaux et les sièges. Depuis quatre ans, l'aéroport était réduit à un seul terminal, ce qui était le strict minimum pour continuer les allers et retours des passagers sur l'île.
En mentionnant le fait qu'elle avait ouvert son cabinet d'architecture, elle avait qualifié Brooke de simple "amie". Inconsciemment, l'estime que Kate avait pour elle avait quelque peu baissé avec tout ce qui s'était passé, même si tout n'était pas entièrement de sa faute.

Rosaria prononça un "enchanté" lorsque la jeune femme se présenta à son tour et indiqua se prénommer Kate. Puis elle écouta la jeune femme lui répondre et lui expliquer qu'elle était architecte. Rosaria était impressionnée par la jeune femme qui avait ouvert son propre cabinet et avait participé à la rénovation de l'aéroport. Elle avait eu l'occasion de voir en débarquant sur l'île qu'effectivement toute une partie de l'aéroport venait d'être refaite bien que cette partie ne soit pas tout à fait encore opérationelle.

- Eh bien vous semblez être une jeune femme qui sait ce qu'elle veut et qui sait bien mener sa barque ! J'ai moi même créé ma propre ligne de vêtement, oh mon dieu cela remonte à des années maintenant, mais j'étais plutôt douée. Aujourd'hui je continue de temps à autre à dessiner quelques vêtements mais la mode d'aujourd'hui a tellement changé... Je ne suis plus dans le coup comme disent les jeunes !

Rosaria eut un petit rire amusé. Elle était parfaitement lucide sur son âge et sur ce que cela impliquait mais n'en avait nullement honte. Elle était telle qu'elle était et voilà. Elle n'avait jamais eu honte de son âge et jugeait que pour une cinquantenaire elle tenait plutôt une bonne forme. Elle possédait encore son petit magasin près de son village et les affaires marchaient bien même si maintenant ce n'était plus vraiment ses créations qu'elle vendait. Elle avait préféré passer au sur mesure et sur commande.

- Mais j'y pense ! Puisque vous vivez ici vous devez certainement connaitre mes enfants, mon fils s'appelle...
- Rose !

Une voix d'homme grave à l'accent typiquement méditerranéen venait d'héler la vielle dame qui leva les yeux dans sa direction. Le visage de la vieille dame s'illumina lorsqu'elle reconnut son mari qui se dirigeait vers elle une jeune femme sur ses talons. L'homme en question était quelques peu dégarni et ses cheveux étaient poivre et sel. D'une bonne carrure, il avait les épaules carrées et malgré sa taille relativement moyenne avait une silhouette qui attirait l'oeil même pour un homme de cinquante ans. Il était de ceux qui se bonifient avec le temps et que les rides rendaient séduisant. La jeune femme qui marchait juste derrière lui et qui était au téléphone Kate l'avait déjà vu...ce n'était autre que Méredith la soeur de Mark.

L'homme arriva rapidement à leur table et se pencha pour déposer un baiser sur la joue de Rosaria cette dernière le regardant avec tendresse. On pouvait voir que le couple était encore follement amoureux malgré les années et les obstacles qu'ils avaient du surmonter comme dans tout les couples.

- Excuse nous ma chérie mais on n'arrivait pas à se garer ! Ton fils cherche encore et nous a dit de passer devant.

Son regard noir et perçant pareil que celui de son fils se posa sur la jeune femme qui tenait compagnie à sa femme.

- Bonjour Mademoiselle !
- Oh Raphaël je te présente...
- Kate Evans

La voix de Meredith resonnait avec mépris. La jeune brune se tenait juste à coté de son père et regardait Kate avec mépris. La seule fois où elle s'était vue c'était lors de cette conférence à l'université. C'était cette fois là que Kate avait découvert l'existence de la soeur de Mark dont il ne lui avait jamais parlé avant. Mérédith n'avait compris que plus tard dans la conférence qui elle était et pourquoi elle lui avait demandé plus de précision quant à son nom. Autant dire que la jeune femme n'avait pas du tout apprécié le petit jeu de Kate qui savait pertinemment qu'elle avait un rapport avec Mark même si elle ignorait que cette dernière était sa soeur. Feindre de ne plus se rappeler de Mark avait été grossier et puérile aux yeux de Meredith qui ne portait déjà pas Kate dans son coeur...même si cette dernière l'ignorait.
Rosaria intriguée regarda sa fille avec surprise tandis que Raphaël lui saluait la jeune femme avec chaleur.

- Eh bien ravi de faire votre connaissance jolie demoiselle. Comme l'a si bien dit ma femme je me nomme Raphaël.
- Cette délicieuse jeune femme a eu l'amabilité de m'aider. Figure toi que je m'étais perdue dans toutes ces ruelles. Je l'ai donc invité à prendre un verre avec moi pour la remercier car sans elle je serais encore à tourner dans ces dédalles ! Mérédith je ne savais pas que tu la connaissais ma chérie ! Quelle charmante surprise !

Mérédith esquissa un sourire qui n'annonçait rien de bon et prit place à coté de son père et de sa mère d'adoption.

- Charmante surprise en effet...sussura t-elle. Mark sera encore plus surpris je pense...si ma mémoire est bonne vous ne le connaissez que de nom n'est ce pas Melle Evans ? C'est du moins ce que vous m'avez laissé entendre lors de la conférence à l'université.

Rosaria tourna son regard pétillant vers Kate avec un large sourire.

- Je savais que vous deviez connaitre mes enfants !
- Plus que tu ne le crois maman... répliqua Mérédith clairement décidée à mettre Kate mal à l'aise.

Les parents de Mérédith regardèrent leur fille avec surprise tandis que celle ci ne quittait pas Kate du regard. C'était la première fois qu'ils la voyaient si agressive envers une personne et ils se demandaient bien quelle mouche avait piqué leur fille pour qu'elle agisse ainsi. Rosaria bien décidée à ne pas laisser la jeune femme gâcher leur moment de détente repris la parole comme si de rien n'était.

- Vous enseignez donc également à l'université ?! Raphaël c'est cette demoiselle qui a fait les rénovations de l'aéroport. Elle est très douée.

La brune prenait plaisir à discuter avec Rosaria. Son sourire était toujours accroché à son visage et s'agrandissait de temps en temps, par exemple lorsque la femme du sud lui dit qu'elle était le genre de jeune femme à savoir où elle allait. Il est vrai qu'il était rare de voir une personne de l'âge de Kate qui avait autant avancé dans sa carrière professionnelle. Lorsque Rosaria expliqua qu'elle avait créé sa propre ligne de vêtements des années plus tôt, Kate voulut lui répondre qu'elle pouvait réussir à s'adapter à la mode d'aujourd'hui et que ce serait une belle aventure de poursuivre ce projet mais la française la devança en lui signifiant qu'elle connaissait peut-être ses enfants. Et au moment où elle était sur le point de lui donner le nom de son fils, une voix se fit entendre. La femme tourna la tête et Kate en fit de même. Là, un homme d'une cinquantaine d'années également vint à leur rencontre et embrassa sa femme. Bizarrement, il sembla à l'architecte qu'elle avait déjà vu cet homme quelque part, du moins cette carrure et cette façon de marcher. Elle n'y prêta pas vraiment attention et écouta l'homme expliquer le motif de son retard à son épouse. Le couple dégageait une espèce d'aura de spontanéité et de fraîcheur, ce qui était assez rare pour les gens de leur âge. Quoi qu'il en soit, la première réflexion que Kate se fit à elle-même en les voyant tous les deux, c'est qu'ils s'accordaient parfaitement.
L'homme, qui se nommait Raphaël, salua l'inconnue qui tenait compagnie à sa femme, ne paraissant pas le moins du monde surpris que sa femme ait fait une connaissance aussi rapidement. Kate lui rendit un "bonjour" et alors que Rosaria s'apprêta à la présenter à son mari, ce fut une autre personne qui le fit à sa place. L'architecte tourna la tête et à la vue de la jeune femme qu'elle reconnut instantanément, son coeur fit un bond dans sa poitrine. En un quart de seconde, elle avait comprit à la voix et au regard de la fameuse Meredith qu’elle savait tout ce qui s’était passé. Du moins elle en savait assez pour détester Kate. Cette dernière put constater que contrairement à leur chère petite fille, les parents n’avait jamais entendu parlé de "Kate Evans" puisqu’ils ne réagirent pas en apprenant son nom complet.
Ne se laissant pas démonter, la brune répliqua un "enchanté" au père qui se présenta. Malgré son sourire naturel, elle était très mal à l'aise d'autant plus que les parents de Meredith, donc de Mark, semblaient déjà l'apprécier. Elle avait le droit à des qualificatifs très positifs: "charmante personne", "jolie demoiselle", "délicieuse jeune femme".
Jamais elle n’aurait autant aimé disparaître, ce qu’elle devait faire avant que Mark arrive. Elle n’osait même pas imaginer sa réaction s’il la voyait dans cette situation... Il allait être furieux!
Problème: les trois Ruthenford n'avait pas l'air de vouloir qu’elle leur fausse compagnie. Les parents voulaient en savoir un peu plus sur elle tandis que Meredith prenait un malin plaisir à lui poser une question dont elle connaissait déjà la réponse, comme si elle cherchait à enfoncer un peu plus l’ex de son frère. Kate eut un sourire hypocrite à souhait lorsqu’elle lui demanda si sa mémoire était bonne et si elle connaissait bien son frère de nom.
La jeune Evans se maudissait intérieurement d’avoir le don de se foutre dans des situations pas possibles! Elle était déjà assez en froid avec Mark comme ça...
Alors que les enfants détestaient Kate et ne voulaient plus jamais en entendre parler, les parents ne sachant rien sur l’architecte et le lien qu’elle avait avec leur fils, semblaient ravis de la rencontrer. La demoiselle ne contrôlait pas du tout la situation et face à Rosaria et Raphaël Ruthenford, elle se sentait incapable de s’imposer pour prendre la fuite. Pourtant, elle fit tout de même une tentative et commença à se lever mais l’homme s’assit à coté d’elle en lui adressant un sourire chaleureux, ce qui l’obligea à rester sagement assise. Son épouse reprit la parole et demanda à Kate si elle enseignait aussi à l’université. En grande bavarde, elle eut autre chose à dire et précisa à son mari que c’était "cette demoiselle" qui avait fait les rénovations à l’aéroport. Elle ne manqua pas non plus de dire qu’elle était très douée. Enfin, elle tourna la tête vers l’architecte, attendant qu’elle lui réponde.

- J’ai juste participé à une conférence sur l’histoire de l’architecture, à laquelle votre charmante fille a assisté.

Elle avait terminé sa phrase en regardant Meredith avec un sourire faussement enthousiaste, d’un air de défi. Si l’étudiante croyait l’intimider d’une quelconque manière avec ses airs supérieurs, elle se trompait lourdement. Kate était au moins aussi hautaine et mauvaise que la sœur de Mark lorsqu’elle s’y mettait. Reportant son regard sur la mère, elle poursuivit:

- Je serai probablement amenée à faire d’autres conférences cette année.

Kate jetait de temps à autres un regard discret sur la ruelle, en espérant qu’elle trouverait le moyen de s’en aller avant que Mark ne fasse son apparition. Pour le moment, elle ne le voyait pas arriver donc tout espoir n'était pas perdu.

Le père et la mère de Mark n'étaient bien évidemment pas au courant de la liaison de leur fils avec Kate ni même de son implication dans le secret de la paternité d'Alyssa leur petite fille. Meredith elle semblait s'amuser follement à voir Kate dans une position délicate, elle savait que Mark n'allait pas tarder à arriver et que cela ne mettrait Kate que davantage mal à l'aise. A chaque sourire hypocrite de Kate Meredith lui en renvoyait un tout aussi hypocrite lui montrant clairement que ces petites manières pour paraitre non destabilisée l'amusait plus qu'autre chose. Elle savait parfaitement qu'elle était dans une position bien meilleure que celle de l'architecte qui devait soudainement avoir l'impression d'être dans la fosse aux lions.

Le serveur en apercevant Meredith et Raphaël revint vers leur table pour prendre leur commande. La jeune femme commanda un coca cola tandis que son père prenait un verre de vin blanc tout comme sa femme. Lorsque Kate expliqua qu'elle avait juste participé à une conférence sur l'histoire de l'architecture à laquelle Meredith avait assisté, Rosaria parue très attentive et esquissa un sourire alors que Kate terminait en disant qu'elle serait probablement amenée à en faire d'autres.

- Eh bien vous avez pas mal d'occupation !
- Hummm j'ai vu qu'il y avait aussi une conférence la semaine prochaine en psychologie centrée sur le mensonge et la manipulation je suppose que vous y participerez non ? J'ai entendu dire, je ne sais plus par qui, que vous vous y connaissiez assez bien... répliqua d'un air innocent Meredith.

Une nouvelle fois les regards intrigués de Rosaria et Raphaël se posèrent sur la jeune femme entre eux. Meredith esquissa un sourire et saisit une cacahuéte dans le petit bol posé sur la table et rajouta avec amusement.

- En psychologie. Ou peut être que ce qu'on m'a dit est faux. On entend tellement de choses sur cette petite île qu'il est dur de faire le tri entre le bon et le mauvais...Oh Mark !! On est là ! La jeune femme leva la main et fit signe à quelqu'un qui arrivait dans le dos de Kate. Elle avait un grand sourire sur le visage comme un fauve qui s'apprêtait à se jeter sur une proie sans défense.

Le visage de Rosaria s'illumina une nouvelle fois en voyant son fils arriver vers eux mais elle commençait à se poser des questions concernant Meredith et Kate qui ne semblaient guère s'aimer. Elle n'en comprenait pas les raisons trouvant que Kate était une jeune femme charmante, le genre de femme qui conviendrait parfaitement pour son fils, elle qui était tellement obsédée par le mariage de ses enfants.
Mark qui lui arrivait ne se doutant pas une seule seconde de qui était la personne qu'il voyait de dos, affichait un beau sourire à sa mère. Ils les avaient fait venir afin de les présenter à Alyssa. Il espérait que cela calmerait un peu ses parents qui ne cessait de le harceler concernant son âge et le fait qu'il n'était toujours pas marié. Au moins maintenant il leur avait donné une petite fille !

- Je suis désolé du retard mama. Mais c'était la galère pour trouver une place.

Il n'avait pas encore regarder Kate et ne l'avait pas reconnu ne voyant aucune raison pour qu'elle se trouve avec ses parents en train de prendre un verre. Il arriva près de la table et se dirigea vers sa mère avant de lui déposer un baiser sur la joue pour s'excuser de son retard.

- Mark tu ne devineras jamais qui a sympathisé avec notre mère...déclara avec délectation sa soeur.
- Ah bah ça vu la piplette qu'elle...est...

Il venait juste de tourner la tête vers Kate et venait de la reconnaitre et de réaliser la situation dans laquelle il se trouvait soudainement. Son sourire disparut lentement de son visage.

- Vous vous connaissez donc déjà. Je n'ai pas besoin de faire les présentations alors. Kate à eu la gentillesse de m'aider à trouver le restaurant. Il était donc normal que je l'invite à prendre un verre en attendant mes retardataires d'enfants et de mari.

Mark était totalement sous le choc. C'était la dernière chose à laquelle il s'attendait. De plus la dernière fois qu'il avait vu Kate c'était lors de la soirée à la bodéga où mademoiselle avait flirté à outrance avec un pauvre type. Autant dire que Mark n'avait toujours pas digéré cette vision d'elle en train de rire comme une idiote dans les bras de ce blondinet sans aucun charisme.

- Je sais qu'elle est très jolie Mark mais arrête de la regarder comme ça et prends une chaise ! railla son père avec amusement.

Rosaria en grande curieuse comme toujours semblait ravie que son fils connaisse la jeune femme.

- Où vous êtes vous rencontré tous les deux ? Parce que vous ne faites pas du tout le même métier ! demanda t-elle avec un sourire amical.
Meredith posa ses coudes sur la table, croisa ses mains entre elle et posa son menton sur ces dernières, le regard plus machiavélique que jamais.
- Oui Kate comment avez vous connu mon frère ?
- Mérédith...grinça Mark en prenant place à coté de sa mère et lançant un regard noir à sa petite soeur qui semblait s'en moquer au plus haut point.

Au risque de décevoir Madame Ruthenford, elle allait très vite se rendre compte que Kate n’était du tout la personne qui convenait à son fils, vu les rapports catastrophiques qu’elle entretenait avec lui. Si la mère comptait marier son fils, il fallait qu’elle cherche une autre prétendante. Et Meredith avait un avis diamétralement opposé à celui de sa mère adoptive. Avec ses répliques cinglantes et déplacées, elle montrait clairement qu’elle ne portait pas l’architecte dans son cœur. Après que Meredith se soit enfin tu, c’est avec un air on ne peut plus calme et détendu que Kate lui répondit:

- Effectivement vos sources sont mauvaises, la psychologie n’est pas mon domaine. Mais allez à cette conférence, je suis sûre qu'elle vous sera très bénéfique.

Elle eut à peine le temps de répondre qu’elle vit un grand sourire s’afficher sur le visage de Meredith, qui appela son frère qu’elle venait d’apercevoir. Comprenant que Mark était à présent à quelques mètres, l’architecte poussa un soupir et baissa la tête, plaquant une main sur son front. Mais très vite, pour ne pas avoir un comportement suspect après la bonne humeur dont elle avait fait preuve avec Rosaria, la brune se redressa, se préparant mentalement au choc qui allait avoir lieu. Elle observa rapidement la placement de table: Meredith était au bout, sa mère était à sa droite. Kate s’était déplacée pour laisser Raphaël s’installer en face de sa femme. En comprenant qu’elle allait être assise en face de Mark, elle eut un peu plus envie de s’enfuir. Au moins, elle ne se retrouvait pas à coté de la petite sœur.
Malheureusement, il était trop tard puisque déjà, le brun embrassait sa mère en s’excusant. Décidée à ne pas arrêter de cracher ses couleuvres, Meredith prenait visiblement un malin plaisir à se montrer mauvaise. Elle adressa la parole à son frère en lui disant qu’il ne devinerait jamais qui avait sympathisé avec leur mère. Et en effet, il n’eut même pas le temps de deviner puisque son regard se porta sur Kate. Le sourire de l’avocat s’effaça peu à peu, son regard restant figé sur la brunette qui elle non plus ne le quittait pas des yeux. Si le jeune homme savait encore lire dans le regard de son ex, il pouvait y comprendre qu’elle lui disait qu’elle n’y était pour rien et qu’elle était terriblement gênée de se retrouver dans cette position délicate. Rosaria expliqua la situation, ce qui rendait déjà les choses un peu plus claires pour Mark.
Lorsque lui et Kate formaient un couple, l’architecte avait toujours été curieuse de connaître les parents de celui avec qui elle partageait sa vie. N’ayant vu aucune photo, elle s’était imaginé la mère de Mark comme étant une grande femme à la peau mate et aux cheveux noirs, description qui était totalement différente de la vraie Rosaria. Quoi qu’il faille avouer que Mark ressemblait à son père.
Alors que l’homme de loi s’installait face à Kate, qui osait à peine le regarder, la mère posa une question à laquelle il fallait s’attendre. Comment Mark et Kate s’étaient rencontrés? Meredith en rajouta une couche en s’adressant personnellement à l’architecte, afin que ce soit elle qui donne la réponse. A vrai dire, après tout ce qui lui était arrivé à cause du mensonge, la brune se sentait incapable de mentir. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’est en dire le moins possible.

- Au bowling. C’était il y a cinq ans.

Kate, toujours aussi mal à l’aise, posa son regard sur Mark. La réponse qu’elle venait de donner était convenable. Elle expliquait une rencontre tout à fait banale qui avait eu lieu il y a si longtemps qu’il était inutile d’en savoir plus. Cependant, la demoiselle ne se sentait pas de taille à tenir toute une conversation comme celle qui risquait de suivre. Elle ne savait même pas si les parents étaient au courant de l’existence d’Alyssa. Il fallait que Mark dise ou fasse quelque chose pour montrer qu’il contrôlait la situation.

Mark n'était pas plus à l'aise que Kate dans cette situation. Il se demandait comment et pourquoi elle était assise là avec ses parents. N'avait elle pas compris qu'il ne voulait plus d'elle dans sa vie ? Il trouvait la réaction de la jeune femme un peu étrange d'autant plus qu'elle lui avait précisé ne pas pouvoir jouer à l'amie avec lui et devant les autres. Sa soeur Meredith semblait bien déterminée à les mettre aussi mal à l'aise que possible devant leur parents qui ne comprenaient strictement rien au froid qu'il pouvait y avoir entre les trois jeunes gens. Mark se doutait et craignait depuis longtemps cette réaction chez sa soeur qui ne mâchait jamais ses mots et disait le plus franchement ce qu'elle voulait tout en se faisant passer pour une petite naïve qui ne prenait pas garde à ses propos.

Kate répondit donc à la question aussi naturellement que possible. Bien qu'elle cherchait le regard de Mark, ce dernier évitait méthodiquement le sien ne lui apportant aucun soutien ni réconfort par la même occasion. Ce n'était pas lui qui avait provoqué cette situation après tout...

- humm c'est étrange comme la mémoire vous revient subitement...susurra Meredith avec un petit sourire. Lorsque vous m'avez rencontré vous sembliez parfaitement ignorer qui il était...Il faudrait peut être voir un docteur pour cela. Votre mémoire vous joue des tours apparement ou peut être n'est ce pas la mémoire...

La mère de Mark se tourna vers Meredith et lui lança un regard d'incompréhension.

- Mais enfin Meredith qu'est ce qui t'arrive ? Je ne t'ai jamais vu aussi agressive avec quelqu'un ? Cette jeune femme ne t'a rien fait.
- Ooooh Rose laisse la. Je pense savoir ce qu'elle a...elle n'aime pas trop qu'une femme s'approche de son grand frère, hein ma fille ? répondit avec calme Raphaël en prenant la main de sa cadette.
- Vous ne la connaissez pas ! C'est une menteuse ! Elle connait parfaitement Mark depuis des années, c'est en partie à cause d'elle qu'on a appris si tard l'existence d'Al...

Pour Mark cette fois ci Meredith allait un peu trop loin. Elle n'avait pas à se mêler de sa vie de cette manière. Il craignait que ses parents ne prennent très mal la chose surtout que de toute évidence ils aimaient déjà Kate en tant que personne. Même si il n'avait pas particulièrement envie de prendre la défense de Kate, il ne pouvait pas laisser les choses continuer de cette manière.

- Bon maitenant tu la ferme Meredith ! Cela ne te regarde nullement alors tu la boucle ! tonna t-il d'une voix qui ne souffrait d'aucun refus.

Ses parents encore plus choqués regardèrent leur fils n'ayant pas du tout l'habitude de le voir parler ainsi à sa soeur. Meredith lui lança un regard de colère mais reprit la parole tout en se levant de table. Elle avait l'air de quelqu'un qui venait d'essuyer un affront sans nom et la personne qui l'avait offensé était son propre frère à ses yeux.

- T'as raison ça ne me regarde pas ou du moins plus. Démerde toi tout seul la prochaine fois qu'elle te plantera un couteau dans le dos ! T'es vraiment trop con Mark !

Avant même que quiconque ait eu le temps de dire quoi que ce soit Meredith attrapa son sac et quitta le restaurant l'air furieuse. Rosaria et Raphaël se regarderent avec crédulité. Jamais ils n'avaient vus leurs enfants se disputer de la sorte...

- Mais enfin que se passe t-il ? demanda Rosaria en regardant son fils et Kate.

Si Meredith ne mettait pas autant de cœur à provoquer Kate, cette dernière l’aurait sans doute apprécié. L’étudiante semblait avoir beaucoup de caractère et une répartie à toute épreuve. A ce niveau là, les deux jeunes femmes auraient pu s’entendre. Malheureusement, les circonstances changeaient radicalement la donne. Meredith était visiblement résolue à pousser l’architecte à bout. En fait, ce comportement était plutôt ridicule puisque tout ce qu’elle réussirait à faire était d’attirer l’incompréhension de ses parents. Après tout, Kate n’avait rien à faire de ce que la sœur de Mark pouvait bien penser d’elle. La jeune Evans n’avait plus rien à voir avec aucun Ruthenford et l’opinion que chacun d’entre eux pouvait avoir lui était égale. Quoi qu’en réalité, elle appréciait la sympathie que les parents avaient pour elle. Si elle était encore en couple avec le brun, elle aurait sûrement été nerveuse à l’idée de rencontrer ses parents pour la première fois mais puisque cette rencontre s’était faite après leur séparation et que Kate ne savait pas que la femme en qui elle était venue en aide était en fait la mère de son ex, elle n’avait eu aucune appréhension. Et contrairement à ce que Mark pensait à cet instant, la demoiselle n’avait rien fait pour se mettre dans ce pétrin. Si elle y croyait, elle aurait pu dire que c’était simplement le destin.
La jeune femme n’eut même pas envie de répondre à Meredith. Si elle croyait la blesser d’une quelconque façon, elle se trompait. Alors autant la laisser cracher son venin à sa guise. Ce qui était un peu plus gênant, c’est que Mark fuyait le regard de son ex petite amie. Croyait-il qu’elle avait fait exprès de provoquer cette situation? Rosaria avait pourtant clairement expliqué la façon dont s’était faite cette rencontre.
Elle prit la parole et demanda à sa fille pourquoi elle était si agressive. Raphaël vint rajouter son grain de sel en supposant, à tort, que Meredith n’aimait pas voir une femme tourner autour de son frère. La jalousie n’était en rien responsable de son comportement même si, pour une toute autre raison, elle ne supportait pas que Kate s’approche de son frère.
C’est lorsque la sœur de Mark répliqua avec sècheresse qu’ils ne connaissaient pas Kate et qu’elle était une menteuse, l’architecte sentit qu’elle allait balancer toute la vérité ce qui, en fin de compte, n’était pas plus mal selon elle.
Mais brusquement, au moment où elle prononçait le nom d’Alyssa, Mark lui coupa la parole en lui disant de la fermer. Kate tourna la tête vers lui, stupéfaite de l’autorité dont il faisait preuve. Elle ne l’avait jamais vu adopter un ton aussi... brutal. Les parents étaient encore plus surpris.
Après avoir répliqué à son frère qu’il avait raison, que ça ne la regardait plus et qu’à l’avenir il devrait se débrouiller seul quand Kate lui planterait un couteau dans le dos, elle le traita de con et s’en alla.
La brune n’en revenait pas... Elle suivait la scène en simple spectatrice, songeant qu’il y a à peine vingt minutes, elle marchait tranquillement dans les ruelles de l’île. Comment avait-elle atterri ici?
Rosaria, décidée à mieux comprendre la situation, se tourna vers les deux ex et leur demanda ce qui se passait. Pendant quelques secondes, Kate resta silencieuse. Elle voulut croiser le regard de Mark pour essayer de voir ce qu’il comptait dire mais elle se rappela vite qu’il évitait soigneusement de la regarder dans les yeux. Alors il allait falloir qu’elle se charge seule de trouver une solution. De toute manière, elle n’avait pas vraiment le choix. Soit elle inventait un mensonge tiré par les cheveux auquel ni Rosaria ni Raphaël ne croiraient, soit elle disait la vérité. Comme elle ne se sentait pas du tout capable de mentir et qu’elle avait compris d’après les paroles de Meredith que les parents étaient au courant pour Alyssa, elle prit son courage à deux mains et dit le plus sereinement possible:

- Je suis la marraine d’Alyssa et l’amie que j’ai mentionnée tout à l’heure est sa mère. Quand Mark est revenu sur l’île, je suis sortie avec lui en lui cachant l’existence de sa fille. Lorsqu’il l’a appris, on s’est séparé. Visiblement, Meredith était au courant de tout, même si de mon coté je ne savais même pas que Mark avait une sœur. Je l’ai appris il y a quelques jours en allant à cette fameuse conférence à la faculté.

Kate avait prononcé sa dernière phrase en regardant Rosaria. A présent, la mère savait le pourquoi de tous ses sarcasmes à propos de la conférence. La jeune femme n’était pas certaine d’avoir pris la bonne décision en avouant presque tout et elle se doutait que cela de plaisait pas particulièrement à Mark mais tant pis. Au moins tout était clair. Kate attrapa son sac, le posa sur ses genoux et tout en le fermant, montrant ainsi qu’elle s’apprêtait à partir, elle s’adressa à Rosaria et à Raphaël, d'une voix quelque peu honteuse:

- Merci pour le verre et bon séjour.

La première chose que Mark avait pensé en découvrant Mérédith c'était qu'au niveau caractère, elle ressemblait beaucoup à Kate. Elle était secréte, ne parlait que très peu de ce qu'elle ressentait véritablement, ne se laissait pas marcher sur les pieds et possédait un cynisme à toute épreuve. Malheureusement ce qui faisait leur ressemblance, générait des tensions à présent. Mérédith avait vu Mark, elle l'avait connu à une période peut être l'une des périodes la plus difficile de sa vie. Elle savait quels étaient ses tourments et ses cicatrices et elle ne supportait que difficilement la douleur de son frère. La connexion s'était immédiatement faite entre le frère et la soeur et sans même qu'ils ne comprenent comment, ni pourquoi. Ils s'étaient juste raccrocher l'un à l'autre à un moment où ils sentaient leur vie vaciller.

Mark n'émit aucune remarque ni ne montra aucune émotion particulière lorsque Mérédith s'emporta contre lui. Il savait qu'il l'avait poussée à bout et l'avait fait en toute conscience des choses. C'était là le seul moyen qu'il avait trouvé pour que sa soeur cesse de répandre son venin et de mettre le bordel dans une situation déjà bien complexe. Il avait des choses à reprocher à Kate et cette dernière savait ce qu'il en était de ses griefs, il n'avait donc pas besoin que Meredith remette tout cela sur le tapis et encore moins devant ses parents.
Lorsque sa mère leur demanda ce qu'il se passait, Mark ne savait pas trop quoi répondre. Il ne regardait toujours pas Kate, ne voulant pas poser son regard sur elle. Il l'entendit alors prendre la parole et expliquer les choses. C'est seulement à se moment là qu'il porta son regard vers la jeune femme sans même faire attention.

Au fur et à mesure des explications de Kate, la tête des parents de Mark prit une expression plus prononcée de stupeur. Ils ne s'attendaient clairement pas à la vérité que leur annonca la jeune femme. Mark lui écoutait ce que Kate répondait à la question de sa mère. Il savait que cela faisait quelques jours qu'elle même savait qu'il avait une soeur. Mérédith était rentrée en furie le jour de la conférence en lui disant qu'elle avait rencontré sa garce d'ex petite amie. Il n'en avait ressenti aucune contrariété. Pour lui cela n'avait aucune importance à ses yeux, ils n'étaient même plus ensemble de toute manière alors qu'est ce que cela pouvait bien faire. Pour lui il n'y avait là aucune trahison, ni même mensonge dans le fait de ne pas avoir parlé de Mérédith à Kate.

Mark la regardait toujours lorsqu'elle attrapa son sac et remercia ses parents pour le verre avant de leur souhaiter un bon séjour sur l'île. Il ne laissait aucune émotion transparaitre et on ne pouvait savoir ce qu'il pensait ou ressentait en cet instant. Il fallut quelques secondes à Rosaria et Raphaël Ruthenford pour retrouver l'usage de la parole. En bonne bavarde ce fut Rosaria qui brisa le silence.

- Pourquoi ne pas me l'avoir dit depuis le début ? s'étonna la vieille dame. Je suis vraiment désolée du comportement de notre fille, je ne savais pas du tout de quoi elle parlait.

Rosaria se tourna vers son fils et le regarda en levant un sourcil.

- Et toi pourquoi tu ne nous as pas expliqué les choses ?
- Parce qu'il y a certaine choses que je préférerais garder pour moi maman...répondit Mark avec une certaine lassitude.

Rosaria secoua doucement la tête en éméttant un petit claquement de langue réprobateur. Elle reporta son regard sur la jeune femme en face d'elle.

- Je vous en prie ne soyez pas si mal à l'aise Kate. Je ne sais pas pourquoi vous n'avez pas dit à mon fils qu'il avait un enfant mais je suppose que vous deviez avoir une bonne raison. La seule chose importante pour nous est de pouvoir connaitre notre petite fille, le pourquoi du comment ne nous regarde pas, ni votre relation avec Mark.

La vielle dame adressa un sourire sincère à la jeune femme cependant Mark et Raphaël se regardèrent avec étonnement. C'était bien la première fois qu'ils entendaient Rosaria dire que la vie amoureuse de son fils ne la regardait pas.

Kate voyait bien qu’au fur et à mesure de son explication, les parents de Mark affichaient une expression de plus en plus étonnée. Et il y avait de quoi. Parfois, le hasard faisait mal les choses, comme c’était le cas aujourd’hui et les Ruthenford ne devait pas s’attendre à faire ce genre de rencontre. Encore une fois, l’avocat faisait preuve de beaucoup de détachement. Il ne montra aucune émotion quand sa Meredith ni même quand son père et sa mère se montraient stupéfaits du discours de Kate. Cette dernière avait donc la dérangeante impression d’être seule face à Rosaria et Raphaël. Il fallait qu’elle se débrouille seule pour gérer la situation alors qu’il s’agissait des parents de Mark, pas des siens. De son coté, la mère ne donnait pas l’impression d’être en colère après la jeune femme. Elle aurait pourtant pu puisqu’elle venait d’apprendre qu’elle avait trahi son fils. En réalité, Kate s’attendait à une réaction tout autre. Elle pensait que la quinquagénaire lui aurait lancé un regard noir qui indiquait qu’elle avait changé d’opinion sur elle et qu’elle la considérait à présent comme une hypocrite sans cœur. La brunette fut donc surprise que Rosaria s’excuse même du comportement de Meredith. Elle ne répondit rien à sa question. Quand aurait-elle pu parler du fait qu’elle connaissait Mark? Au début, elle ne savait pas que Rosaria était sa mère et ensuite, elle n’avait eu aucune occasion de mentionner sa relation avec le beau brun. Ce fut ensuite à lui de se faire interroger. Il répondit simplement à sa mère qu’il préférait garder ça pour lui.
Alors que Kate était sur le point de se lever, la femme lui adressa la parole. Elle lui demanda d’abord de ne pas être mal à l’aise. Mais au point où en étaient les choses, elle ne pouvait pas être détendue. Quand Rosaria expliqua qu’elle ne savait pas ce qui l’avait poussé à cacher l’existence d’Alyssa mais qu’elle devait avoir une bonne raison, Kate aurait pu lui répondre que Brooke lui avait fait promettre de garder le secret. Pourtant, elle ne dit rien. Le fils n’avait pas pu l’admettre alors il y avait peu de chance que la mère comprenne le point de vue de l’architecte. Et de toute manière, elle n’avait pas à se justifier. La française ajouta que le principal était qu’elle et son mari connaissent la petite et termina par dire que la relation entre Mark et Kate ne la regardait pas.
La demoiselle mit son sac sur son épaule, se leva et une fois derrière sa chaise, elle la repoussa vers la table. Les mains sur le dossier, elle adressa un sourire à Rosaria. Malgré ce sourire, on voyait bien qu’elle avait de la peine. Du moins cela ne devait pas échapper à la mère qui, ayant un instinct féminin qui induisait de la perspicacité, devait s’en rendre compte.
Kate trouvait tout de même un peu de réconfort dans le sourire de la mère de Mark.

- J’aurais du trouver le moyen de vous dire plus tôt qui j’étais... En ce moment, je me rends compte qu’il y a beaucoup de choses que j’aurais du faire...

Elle aurait du dire toute la vérité à Mark dès son retour, se retenir de lui avouer ses sentiments... Elle aurait aussi du rester au cabinet d’architecture ce midi et ne pas aller chercher cette foutue robe.
Se reprenant, Kate tourna de nouveau son regard qu’elle avait tourné vers la ruelle sur la mère de son ex petit ami.

- J’aurais aimé vous connaître plus tôt.

Sur ce, elle tourna les talons, décidée à retourner travailler. Tout ça lui avait coupé l’appétit.